Death Decline est une jeune formation de la région dijonnaise dont le credo est la rencontre d’instants thrash, de passages heavy et de riffs âpres et sombres. Après un EP ("Bloodstained Redemption") et un premier album (“Built for Sin”), ils proposent leur nouvel opus "The Thousand Faces of Lies", sorte de capharnaüm explosif.
Tel un cocktail Molotov instable projeté à la face de représentants impérialistes, les ondes vibratoires du groupe éclatent, écartèlent, ravagent ou étourdissent à chaque seconde de rotation sur une platine poussiéreuse. Les masques pluriels de la musique extrême y sont présents, des figures de style variées dessinent les multiples facettes d’une même puissance hargneuse."The Thousand Faces of Lies", plein d’envie d’énergie, porte en lui une sincérité désarmante.
'Inside' en guise de préambule invite les auditeurs à arpenter un paysage inquiétant : clochettes aigrelettes, voix angoissantes, crissements de gonds rouillés, mélodie ténue, cris primaux et rythme martial. La batterie mitraillette surgit des ténèbres, transperce par ses multiples impacts l’espace sonore tendu d’un voile sombre épais. Cette montée en angoisse débouche alors sur 'Bury The Beast', mais avant de parler de cette puissance, il est nécessaire de souligner le penchant mélodique et les variations qui constituent l’identité des Dijonnais.
"The Thousand Faces of Lies" est une bonne giclée de violence qui porte en elle une lumière mélodique. Entre agressivité et mélancolie, la formation dissémine son fiel enrobé de miel sucré : riffs tranchants comme le scalpel, batterie qui pilonne comme une dératée, guitare solitaire torturée digne de Morbid Angel. ‘Until the Last Human’s Breath’ met le cap vers des contrées où cohabitent la violence poisseuse et une mélodie thrash digne de Arch Enemy; la voix utilise d’ailleurs des registres entre Metallica, Pantera ou le death caverneux. Le périple passe ensuite par la fange et la boue ('Useless Sacrifice') et arpente ainsi des territoires macabres où se vautrent les idolâtres de musique teigneuse. L’architecture de cette composition, entre efficacité directe, puissance des riffs, parenthèse guitaristique technique et rythme lourd, y érige des instants d’un pur bonheur masochiste.
La violence ultime est apportée par 'Bury The Beast' : doubles pédales violentes, cris suraigus résonnant dans des alcôves glacées. Cette cavalcade effrénée, qui se situe entre le black et le death, est baignée d’un goût mélodique constant qui démontre que l’on peut associer la classe et la crasse et dès lors savourer pleinement ce vice vibratoire. Le riff plombé de ‘Beneath The Smile of the Rotten Idols’ surnage au sein d’une cacophonie vocale où la puissance est encore une fois enrobée d’une noirceur opaque. Puis 'Man With No Flag' assène quelques derniers crachats au ciel, en modérant toutefois leurs impacts avec une touche de caramel mélodique suave.
"The Thousand Faces of Lies" est une rondelle bourrée de la sève de jeunesse, un melting-pot ombrageux où s’unissent une multitude d’influences extrêmes, une explosion multidirectionnelle qui pioche dans tous les styles sans jamais se soucier des règles. Cette multitude peut être déstabilisante faute de pouvoir s’accrocher à des gimmicks reconnus. Toutefois Death Decline délivre une musique puissante et racée, bâtie avec la rage et la passion propres aux contrées extrêmes et dont l'impact sonore est simplement... ravageur.