Si vous n'avez jamais entendu parler d'Emiliano Deferrari, pas d'affolement. Ce chanteur et multi-instrumentiste italien fait partie de ces nombreux artistes underground qui ne feront probablement jamais partie de la set-list de votre radio FM préférée. Déjà auteur de plusieurs albums et EPs, tantôt en solo, tantôt en duo au sein de projets baptisés The Loop Duo ou Nanaue, il revient pour un album en solitaire dont le nom, "Monty", se réfère au lieu où il a été enregistré à Bruxelles.
Que la musique d'Emiliano Deferrari ne passe pas sur les ondes FM n'a finalement rien d'étonnant tant celle-ci est atypique et expérimentale. Inutile de chercher des couplets et des refrains fédérateurs à entonner en chœur, vous n'en trouverez pas. Pas plus que de solos ébouriffants de guitare ou d'envolées de piano virtuose. Non, les compositions d'Emiliano Deferrari sont de celles qui installent des ambiances plus qu'elles ne déroulent de mélodies conventionnelles. Celui-ci explique d'ailleurs que l'album suit un concept, décrivant la descente aux enfers d'un homme suivie de sa lente remontée, représentatif des divers états d'esprit de l'humanité et instaurant dans l'album deux ambiances, l'une sombre, l'autre plus optimiste.
Soit ! Si l'atmosphère générale semble néanmoins plutôt tendre à la mélancolie, il est évident que l'album est bel et bien constitué de deux parties. La première, jusqu'à 'L'Altroverso' inclus, est constituée de mélodies fuyantes et de chants mezzo voce générant un sentiment de confort feutré. Le ton est plutôt jazzy et la voix, fragile, s'affirme l'instrument central autour duquel gravitent les notes sporadiques des claviers et du sax. Curieusement, alors que la guitare est l'instrument de prédilection d'Emiliano Deferrari, celle-ci est peu présente sur l'album.
La seconde partie commençant avec 'Vuoto' est plus expérimentale et chaotique, tournant cette fois autour de batteries acoustiques ou programmées mixées en avant et omniprésentes. Si le début d'album installait l'auditeur dans une mélancolie douillette, cette partie le chahute beaucoup plus, le ballottant de l'agacement d'une batterie surchargée digne du Muppets Show ('Vuoto') à la perplexité d'un chant improbable semblant totalement improvisé ('White Life'), en passant par un court instrumental à la guitare acoustique ('Monty') et un titre indescriptible mais fort original ('Get It Right'), pour finir sur le morceau le plus dynamique et le plus intrigant de l'album ('Fuoco').
'Fuoco' permet à l'auditeur de terminer sur une note positive après être passé par des sentiments divers, ce qui, finalement, correspond bien au concept de "Monty" et tendrait à prouver qu'Emiliano Deferrari a atteint son objectif. Comme tous les albums estampillés avant-garde ou expérimentaux, "Monty" s'adresse à un public averti qui trouvera certainement son bonheur dans ce patchwork d'émotions.