Oubliez l'étiquette "post-hardcore" qui lui est maladroitement accolée sur la figure et qui doit bien faire marrer les (vrais) amateurs du genre, Venues chasse en réalité très loin de ces terres énervées. Parler de metalcore serait sans doute plus juste, quand bien même cette appellation un peu fourre-tout qui ne veut donc pas dire grand-chose cache avant tout une musique pour ados boutonneux dont la seule (petite) originalité réside dans ce chant masculin braillard auquel répond une voix féminine cristalline.
Or contre attente, le principal défaut grevant "Aspire", deuxième effort des Teutons, tient justement dans les éructations screamo de Robin. Combien le sextet gagnerait à bâillonner son chanteur pour ne s'appuyer que sur les lignes vocales de Nyves tant celles-ci se suffisent à elles-mêmes comme en témoignent 'Lights', friandise acidulée et gentillette mais irrésistible ou bien encore 'The Longing' que viennent malheureusement polluer les vociférations de son compagnon. De fait, on préfère lorsque les Allemands louchent sur le rock gothique façon Evanescence, genre qui leur sied en définitive bien davantage ('Shades Of Memory').
Ces réserves énoncées, reconnaissons que ce groupe seulement âgé de quatre ans maîtrise parfaitement son sujet jusqu'au bout de ses doigts vernis de noir. Prise de son gonflée à l'EPO, mélodies imparables et interprétation ad hoc commandent un album dont il est difficile de vraiment dire du mal. Jonché de belles idées, son menu se parcourt sans ennui mais sans déclencher non plus la trique des grands jours.
Ainsi, aux côtés des superbes 'We Are One', qui lance une écoute pleine de promesses, 'The Epilogue' et ses lointaines touches electro ou 'Dilemma' que farde un sombre mascara, de nombreux titres s'enchaînent, tels que 'Fading Away', 'My Truth North', dont l'efficacité n'a d'égale que leur banalité, dans une veine qui n'est parfois pas sans évoquer le Lacuna Coil le plus récent, à l'image d'un 'Star Children' qui confirme à son tour que le groupe serait bien inspiré de ne conserver de son lourd arsenal que sa puissante voix féminine... Ce qu'il ne fera sans doute jamais car cela lui ôterait sa raison d'être.
A l'arrivée, "Aspire" séduit autant qu'il agace. On apprécie, vous l'aurez compris, la performance de sa chanteuse ainsi que la force mélodique de compositions qui en valent bien d'autres. On aime moins en revanche, vous l'aurez également compris, l'intrusion appuyé de son chanteur et une personnalité en jachère. Mais, son actif l'emportant sur son passif, ce deuxième opus, très bien fait, demeure une agréable découverte.