Alors que de nombreux artistes en deuxième partie de carrière s’interrogent sur la manière de poursuivre leur art sans se répéter, Lenny Kravitz, lui, a trouvé comment se renouveler. Si la star a toujours mélangé le rock et le funk dans sa musique, avec ce nouvel opus, le virage est clairement opéré en faveur du deuxième ingrédient. Exit les tubes rock’n’roll comme ‘Are You Gonna Go My Way’. Place au groove et aux cuivres !

Dans cette optique, on retrouve d’excellents moments sur ‘The Majesty Of Love’ avec sa ligne de basse groovy au premier plan dans le mix et son époustouflant solo ravageur de saxophone alto. Mais surtout, impossible de ne pas évoquer le morceau phare du disque : ‘Low’. Choisi à juste titre pour endosser le rôle de premier single, le titre est bourré de feeling, ça swingue, ça groove, l’air reste dans la tête et l’addiction pointe le bout de son nez dès la première écoute. L’ombre de Michael Jackson plane sur ce titre avec quelques cris poussés par-ci, par-là, chers au roi de la pop. En réalité, il s’agit bien de la voix du défunt chanteur en personne ! ‘Low’ reprend effectivement quelques vocaux provenant des sessions d’enregistrement du morceau ‘(I Can’t Make It) Another Day’, titre initialement écrit en 1999 par nos deux hommes, et qui figure sur le premier album posthume du King Of Pop, "Michael", paru en 2010.

Si ce nouveau Lenny Kravitz 2.0 aux accents groovy fait plaisir, le musicien n’a pas pour autant renié son passé. Dans un registre plus rock fidèle aux racines de l’artiste, on notera la présence du très bon ‘We Can Get It All Together’ ainsi que de la ballade folk ‘Johnny Cash’ rappelant Neil Young, bien qu’elle soit ponctuée d’un chant à la sauce R’n’B disgracieux en fin de titre laissant un goût d’inachevé en bouche.

Une baisse d’inspiration se fait néanmoins sentir sur un certain nombre de morceaux. La ballade ‘Here To Love’ s’avère agréable mais semble avoir déjà été entendue x fois tandis que ‘Raise Vibration’ ne décolle jamais et que ‘Who Really Are The Monsters’ avec ses couplets parlés sur fond de musique electro manque carrément le coche.

Enfin, certains titres présentent un potentiel notable mais ont la fâcheuse tendance de présenter des durées injustifiées. C’est le cas de plusieurs titres comme ‘Ride’ qui rappelle ‘It Ain’t Over ‘Til It’s Over’, et qui malgré sa base intéressante, s’éternise et s’avère être bien trop redondant. ‘It’s Enough’ n’échappe pas à la règle, et s’enlise au contraire dans les sables mouvants de l’ennui du haut de ses 8 minutes qui auraient mérité d’être divisées par deux.