Quand bien même il ne fait plus aussi peur qu'avant, moins en tout cas qu'à ses débuts il y a presque trente ans lorsque nous le découvrions en pleine explosion du mouvement death metal, coincé entre Morbid Angel, Obituary, Cannibal Corpse et Death bien entendu, le fait est que chaque nouvelle hostie de Deicide est fortement attendue. Et c'est d'autant plus le cas de "Overtures Of Blasphemy" dont le prédécesseur date de cinq ans déjà. Que "In The Minds Of Evil" n'ait d'ailleurs pas totalement convaincu ne rend ce douzième album que plus important encore en ce sens qu'il devra répondre à une question : les Américains se dirigent-ils tranquillement vers une retraite bien méritée ou bien sont-ils encore capables de dresser avec une hargne brutale la hampe d'un metal de la mort diabolique et millimétré ?
En moins de quatre minutes, 'One With Satan' suffit à balayer ces quelques doutes de sa queue survoltée gonflée d'une semence malsaine. Flanqués des guitaristes Kevin Quirion et Mark English (Monstruosity), les inséparables Glen Benton et Steve Asheim démontrent que, malgré les années, ils n'ont rien perdu ni de leur férocité ni de leur inspiration, le premier avec ce chant aussi bestial qu'abyssal, le second pour ses parties de batterie inhumaines, dégueulant de blasts nucléaires. Cette ouverture confirme également que ceux que le virage plus technique entamé par "The Stench Of Redemption" (2006) ont déçu en seront une fois de plus pour leur frais, Deicide continuant de labourer ce charnier dont la forme plus accessible ne l'exonère en rien de la malveillance blasphématoire qui lui est chère.
Mieux, cet opus trouve l'équilibre implacable entre impétuosité un peu rude et éjaculation mélodique. Remplaçant le démissionnaire Jack Owen, recruté depuis par Six Feet Under, Mark English abat un excellent travail. Ses soli virtuoses se faufilent entre les déflagrations de la double grosse caisse de Asheim et les growls ténébreux du maître de cérémonie, aérant miraculeusement ces compos qui s'enchaînent à un rythme hallucinant en coups de boutoir ininterrompus. Mais c'est dans ces éruptions lumineuses que réside la seule concession que le groupe fait aux mélodies. Le reste tient de la boucherie pure. Aucune pause, aucune respiration ne viennent barrer ce torrent de brutalité dont Benton et sa bande ouvrent les vannes avec une vicieuse largesse.
Aucune surprise non plus peut-être mais Deicide fait ce qu'il sait faire de mieux accouplant violence et technicité au sein d'une forteresse intense.