It Came From Beneath est une formation lyonnaise de deathcore née en 2010 qui après un premier EP éponyme, suivi d’un premier album “When No Light Remains” puis d’un second EP “The Last Sun”, propose aujourd'hui, fort de son appétit de conquête, un nouvel album “Clair-Obscur”... le bien nommé.
Entre une clarté et une obscurité très personnelles, les compositions piègent l’auditeur comme une mouche s’écrasant sur un pare-brise ou comme un clou épinglant une plume immaculée. Entre colère animale et rythmes “mécaniques”, entre naturel et artificiel, résident la paix sublime et l’apaisement offert par cette production. Laissez-moi donc vous parler de ce combat entre brutalité et humanité, de ces compositions nappées de brume, de rage, de douceur ou de sensualité.
La lumière vient de l’introduction, une piste d’ambiance au décor saturé de tension qui cajole tendrement l’auditeur (‘Ténèbres’). Les musiciens naviguent entre l’obscurité de l'introduction et la clarté de riffs pesants... ou peut-être l'inverse ? Eclat des instants symphoniques et nébulosité des guitares lourdes. Puis ‘As The World Eats Itself’ aux arpèges évanescents est une belle réussite âpre et rêche qui irradie d’un tiède reflet blafard. ‘Clair Obscur’ quant à lui oppose encore le doux et le terreux, le terne et le scintillant, alors que ‘Unworthy’ plus nerveux tisse une toile violente à l’urgence palpable exhaussée par une touche langoureuse d’où semble enfin émerger l’apaisement. ‘Optophobia’ bien que presque aérien possède une énergie extrême. Les effets de production y renforcent la sensation de froid mécanique alors que le trait d’une six-cordes solitaire transperce la brume, dévoilant une aurore inespérée.
L’obscurité réside dans les rythmes lourds, les ambiances épaisses et les harmonies dissonantes. Dans ce noir profond, le groupe construit un premier brûlot à la rythmique syncopée où une mélodie étrange hérisse les poils (‘Decline’) : le tempo y ralentit pour que des arpèges simples résonnent et bouclent à la manière d’un post-rock halluciné, soulignant à nouveau la fusion entre le soleil et la lune. Dans cette veine froide et opaque, ‘Circling’ est millimétré, la lourdeur s’y imposant avec des rythmes aussi rapides que précis. La formation sait ainsi proposer des pistes qui laissent des traces, comme ‘Heat Death’ où la montée en puissance érige des harmonies aussi dérangeantes que jouissives. Enfin ‘Desert Hills’ est une piste chaude qui dégage un potentiel sensuel palpable.
“Clair Obscur” marche sur un fil ténu entre ombre et lumière, entre grâce et pesanteur. La rondelle équilibrée, uniforme et constante, toujours sans concession, est belle et émouvante, la formation y écrivant ainsi une belle page de son histoire. It Came From Beneath prouve qu'il ne peut y avoir de lumière sans ombre, ou plutôt qu'il n'y a pas d'ombre épaisse, à moins qu'il y ait une belle lumière éblouissante.