Bien que fondé en 2015, peu d'informations ont filtré depuis au sujet de Adversvm qui semble être le projet d'un seul individu, un certain S.B., dont l'isolement est toutefois brisé par la présence de musiciens de session enrôlés pour l'aider à matérialiser les émotions noires qui hantent son âme.
Si elle ne surprend pas, cette volonté de se cacher derrière une enveloppe mystérieuse participe pourtant de cet opacité spectrale qui, par essence, caractérise le funeral doom que creuse cette entité venue de nulle part sinon des limbes elles-mêmes. A l'instar du black metal avec lequel il lui arrive de partager une noirceur morbide similaire, le doom dans sa définition la plus funèbre est imprégné d'un fort déterminisme géographique. Ainsi, le fait qu'il soit Allemand commande à Adversvm une expression du genre plus caverneuse qu'élégiaque, plus granitique qu'éthérée, à des années-lumière en cela de la chapelle finlandaise par exemple.
C'est un art doloriste qui n'oublie pas d'où il vient, ne gommant jamais ses racines death ('Ps. XIII Maledictvm'). Voyant la nuit grâce à Iron Bonehead Productions, "Aion Sitra Ahra" a quelque chose d'une procession lente et engourdie serpentant à travers de sinistres boyaux. A son écoute, guidés par une faible flamme, nous nous enfonçons peu à peu dans les profondeurs d'un abîme insondable que jonchent voix d'outre-tombe, rythmique engluée dans la terre froide et guitares grêles aux allures de foreuses. La durée le plus souvent dilatée de ces plaintes leur confère une force extrêmement massive, blocs pétrifiés aux fondations tentaculaires.
Si le fond reste vierge de surprises, récitant ce credo funéraire avec respect et sincérité qu'il auréole toutefois d'un suaire occulte ('Anti-Stellar Gnosis To The Acausal Nexus'), la forme qu'épouse ce galop d'essai étonne davantage. Alors qu'il agglomère ses compositions les plus longues lors d'une première partie compacte et souffreteuse, "Aion Sitra Ahra" s'achève d'une bien curieuse manière. 'Est In Fatis' fardé de déclamations étranges sur un socle mortifié puis 'Current 218' aux atours dark ambient ferment la marche en suscitant plus de questions qu'ils n'en résolvent quant à la signature de ce projet finalement moins orthodoxe qu'il n'y paraît, charbonneux et néanmoins fantomatique et qui, tout en ouvrant un accès aux enfers ne s'interdit pas quelques pales éclairs mélodiques.
Si son identité demande encore à être affinée sinon affirmée, Adversvm n'en demeure pas moins une découverte effrayante.