Sous le nom de Some Smoking Guys se cachent en réalité cinq garçons plein d'avenir. Le groupe a déjà la moitié d'une décade d'existence et plusieurs titres publiés sur internet au compteur avant de sortir "Regular Faces", premier album de neuf titres. Comme tant d'autres, il n'a pas échappé à la recherche de son style pour définir son identité et sa marque de fabrique. Nourri des influences de chacun, il s'est mué d'un duo de folk acoustique en un quintet tenté par le stoner, le rock et la brit pop en passant par la création d'un label (Beside), histoire de prendre son destin en main.
Il faut saluer ici l'initiative du groupe car cet album n'est pas une compilation de titres anciens hormis 'Shiny Day' sorti en 2017 et qui entamait le processus créatif du nouveau son de Some Smoking Guys. En effet beaucoup de groupes se contentent pour leur premier opus de compiler des titres écrits et édités sur le net via divers EP dans le passé. 'Shiny Day' constitue un titre de transition en inscrivant la formation dans un style pop un peu musclé mais terriblement accessible. 'Regular Faces' avec ses couplets au rythme chaloupé ne fait pas oublier d'où vient le groupe avec un refrain dynamique rempli de guitare bien grasse façon Queen Of The Stone Age.
Les compositions sont tranchantes, mêlant allègrement la mélodie de la brit pop et la rudesse d'un rock ancré dans les années 90. 'Glorious' est le parfait exemple de ce mélange avec un petit côté U2 dans certains riffs de guitare que n'auraient certainement pas renié The Edge. Même les titres plus calmes chez Some Smoking Guys apportent un supplément d'âme à des compositions trop souvent aseptisées et sans relief. 'Two Finger' trouve ici son intérêt dans son tempo bluesy teinté de psychédélisme et une basse bien mixée malmenée par Antoine. Le morceau est construit sur un équilibre inattendu entre une envie d'exploser et une certaine retenue qui questionne et intrigue. Le psychédélisme est encore bien présent dans le vaporeux 'Vision Of The Past' dans lequel François-Gaël au chant est totalement habité comme dans le sublime titre crépusculaire 'Room 15' qui clôt l'album sur des touches infimes d'electro.
Some Smoking Guys fait aussi preuve d'une belle énergie avec le démentiel 'Devil' où François-Gaël a des intonations de Mick Jagger ou l'efficace 'Twisted Soul' qui, parions-le, soulèvera les foules en live. Varié, ambitieux, "Regular Faces" permet au groupe d'asseoir son identité et de prendre une place de premier rang dans le paysage rock français.