Paul Cipriani s'est détaché de Memphis Belle, l'entité pour laquelle il officiait en tant que chanteur. Le jeune Français a quitté son nid d'origine pour gagner une nouvelle contrée, un projet solo au nom aussi étincelant que romantique : "Blue Morning Sun".
La saison estivale n'est pas encore terminée que Paul Cipriani nous invite dans son monde assez chaleureux. Choisissant une optique minimaliste comme pour se rapprocher au plus près du cœur et des oreilles de l'auditeur, le jeune chanteur dégaine son arme de prédilection : la guitare. Partagées entre folk et pop, les ballades de Paul Cipriani sont toujours placées à mi-chemin entre nostalgie et regret, entre joie et tristesse comme en témoigne 'Tonight', sur laquelle une voix féminine, comme la conscience du chanteur attristé, vient se greffer sur les refrains. Le chant en anglais est parfaitement assumé, on a bel et bien affaire à un interprète français qui chante dans la langue de Boris Johnson et l'on pourrait aisément se méprendre sur sa nationalité. Sa voix grave et parfois voilée évoque Bruce Springsteen, en particulier sur 'Love You So'. Paul Cipriani n'hésite pas à être vocalement plus rugueux sur 'All My Life' à la façon d'un Chris Rea, mais sa voix reprend sa tessiture de prédilection trop rapidement.
Dans son périple, le musicien n'est pas esseulé. Le piano, se métamorphosant parfois en orgue, distille ses notes comme des gouttes de pluie. La très aérienne 'No Surrender' témoigne de cette harmonie à laquelle s'ajoutent les percussions discrètes mais toujours à propos, apportant une touche chatoyante en arrière-plan. L'une des bonnes idées, certes pas originale, de cet EP est de joindre au son pop-folk une guitare électrique qui assombrit le ciel naguère azuréen sur le titre éponyme ou sur 'All Of My Life' et 'Love You So'. La lutte se fait toutefois sans heurts, la guitare électrique exprime son court solo et tout rentre dans l'ordre, les rires finaux de 'Blue Morning Sun' peuvent éclater, tout cela n'était pas si dramatique.
Il est toutefois possible de critiquer le côté positif voire naïf de l'ensemble. Même si cet EP est réussi, il aurait été intéressant de laisser un peu plus de lest à la guitare électrique, d'apporter quelques contrastes plus orageux à une pop-folk de bonne facture, mais manquant encore de caractère.
Qu'à cela ne tienne, Paul Cipriani plante sa première graine discographique de brillantes ballades mais qui auraient gagnées à être plus assombries. Mais si les oreilles vous en disent, préparez-vous à embarquer en compagnie d'un capitaine de bord qui vous assurera un voyage de 24 minutes sans turbulence !