Lylipad est un groupe montpelliérain, composé d'Isabelle Spica et Manuel Durand, formé il y a déjà quatre ans. Il a commis un premier EP et un album avant que nous arrive "Empreinte", nouvel essai de cinq titres. Depuis sa création, le groupe a pris le parti d'expérimenter des sonorités electro-pop contemporaines et avant-gardistes à la manière de Björk citée en influence.
Inutile de vous dire ici que l'ensemble n'est pas aisé à assimiler et demandera plusieurs écoutes avant de totalement révéler toute sa richesse à l'auditeur. "Empreinte" est le genre d'album dans lequel peuvent se cacher des trésors qui méritent qu'on se donne la peine de chercher, au risque de passer totalement à côté. Le disque n'est pas le genre qui se met en fond sonore pour une soirée entre amis mais au contraire il impose une écoute au casque plutôt attentive.
Si la musique est avant tout une affaire de ressenti, Lilypad en est la parfaite illustration. Parmi les cinq titres, deux attirent immédiatement l'oreille par leur relative accessibilité. 'Resilience' par son aspect minimaliste et mélodique embarque l'auditeur vers des mélopées vaporeuses et rêveuses qui sont soulignées par quelques percussions non agressives electro et organiques avec notamment quelques marimbas qui égayent le tout. La voix d'Isabelle se rapproche de celles de Françoise Hardy et de Beth Gibbons, en susurrant avec douceur et délicatesse ses lignes de chant. L'auditeur se retrouve totalement abandonné à ses pensées avec ce titre très profond. 'Small World' épouse quant à lui une atmosphère plus jazzy. La mélodie est envoûtante avec ses violons discrets et sa charpente presque progressive qui évolue entre sons très synthétiques et musique plus organique malgré une fin un peu trop abrupte.
Outre ces titres relativement accessibles, l'EP cache des morceaux plus alambiqués qui repoussent les limites de l'expérimentation sonore. D'abord 'Dame Bleue', tout en jeux de mots clamés avec un joli accent du sud dans le refrain, est construit sous une apparence classique (couplet-refrain) tout en alternant différentes dimensions synthétiques denses à la manière de Depeche Mode ou de Christine And The Queens. 'Couleur Poussin' est l'un des titres les plus complexes avec ses nappes plus graves, sa rythmique plus syncopée et moins linéaire qui aboutissent à un final serein et apaisé. Ce titre se rapproche des travaux de l'Islandaise Björk. 'Mademoiselle M' est peut-être le morceau le moins assimilable avec son architecture un peu trop hypnotique et répétitive qui risque de faire lâcher le fil à l'auditeur et de déliter son intérêt.
En résumé, Lilypad est un groupe talentueux qui livre ici une œuvre contemporaine, expérimentale, suscitant un intérêt certain malgré une impression de difficulté d'accès. Celle-ci finira par s'estomper au fur et à mesure des écoutes pour aboutir à quelques trésors cachés qui se révéleront avec le temps.