"Latex High Quality" n'est pas le titre du nouvel album de Elmer Food Beat mais bien celui d'un groupe qui mérite d'être mis en lumière. Météoclub, puisqu'il s'agit de lui, est un power trio fondé dans le sud de la France qui a envoyé cette année de bonnes productions avec notamment plus tôt Furiapolis. De par sa configuration, le style adopté épouse un rock exempt de toute frivolité. Ça sent le cuir, la sueur, les pubs enfumés et les hôtels miteux.
Cet album est un hommage au rock, celui des Pixies, de Joy Division, en autant de titres qui s'apparentent chacun à un épisode d'une chronique sur l'Amérique profonde. 'Hey' interpelle d'emblée avec son rythme plutôt mid tempo glauque et hypnotique. La fin du titre sonne un peu comme les premiers travaux de Placebo avec une guitare grasse. Ce titre n'était un leurre puisque 'Aphrodite Song' qui prend le relais accélère le rythme sur des bases de rock plus classique qui groove à mort. Lorsqu'on écoute ce style, on s'attend à une basse ronflante, à de l’âpreté, et 'You Are My Hell' répond à ce souhait. Pierre-François Yernaux maltraite sa basse en introduction avant d’être ensuite rejoint par la guitare ultra saturée et la batterie frappée à son maximum. Le titre revêt quelques relents punk qui expriment une forme de frustration.
David Filipozzi se révèle être un très bon interprète. Certaines de ses intonations rappellent l'excellent Gavin Hayes, le chanteur de Dredg, comme dans les premières secondes du titre 'Jacqueline et Ferdinand', de manière assez saisissante. En joignant à son rock quelques touches plus bluesy, ou punk, "Latex High Quality" pourrait être la bande originale d'une série américaine dont chaque morceau serait dédié à un épisode particulier de la saison (façon "Cold Case"). Ainsi 'Homework' est plus dramatique avec son aspect désespéré dans sa montée d'adrénaline.
A ce petit jeu, 'Big Black Car ', morceau le plus long de l'album, tire son épingle du jeu avec son tempo années 80 y compris dans la façon d'attaquer le chant. Très cinématographique jusqu'à la fin dramatique où le chanteur clame 'Don't Try To Follow Me', il peut par sa longueur et sa construction être presque être assimilé à du progressif.
Même si l’opus est peut-être un peu trop généreux - sur treize titres, il est difficile de varier les climats -, Météoclub s'en tire plutôt bien pour un premier album, bien réalisé, produit et addictif. Il constitue déjà une belle carte de visite pour l'avenir prometteur qui attend le groupe.