Après un début de carrière en fanfare qui l’a vu propulsé au rang de concurrent de Scorpions avec des albums tels que "Fireworks" (1987) ou "Point Blank" (1989), Bonfire n’a jamais réussi à confirmer, enchaînant les albums décevants ou simplement corrects ainsi que les séparations et changements de line-up. Particulièrement visé, le poste de chanteur a néanmoins vu défiler des pointures telles que Claus Lessmann, David Reece et Michael Bormann. Depuis deux ans, c’est Alexx Stahl qui tient le micro et c’est donc lui qui officie sur cette nouvelle offrande discographique du quintet teuton intitulée "Legends". Habitué à l’exercice des reprises, Bonfire dégaine ici 32 covers pour plus de deux heures et demi de musique.
A peine deux ans après un "Pearls" qui les voyait déjà reprendre leur propre répertoire avec leur line-up du moment, la question se pose de l’intérêt réel d’une telle sortie. En effet, l’exercice peut éventuellement faire se hausser le sourcil ou le pavillon auditif s’il se fait dans le cadre d’un titre entouré de compositions originales ou, et surtout si, il apporte quelque chose de plus à la version originale. A trop rester collé à l’interprétation du créateur, on prend le risque, au mieux de lasser, au pire de ne pas soutenir la comparaison. Avec un tel pavé, Bonfire a donc intérêt à ne pas se manquer sous peine de vite se montrer indigeste. Seulement voilà, prétexte à une tournée à venir en compagnie de nombreux chanteurs des formations concernées, cet opus aura du mal à squatter vos platines sur toute sa durée sans que plusieurs pauses ne vous soient nécessaires, voire qu’une irrésistible envie d’appuyer sur le bouton ‘stop’ ne finisse par vous convaincre de mettre un terme à l’épreuve avant la ligne d’arrivée.
Et cette envie risque de vous titiller rapidement tant les reprises de Toto qui ouvrent cet opus sont la preuve que Bonfire n’a pas eu conscience du risque qu’il prenait. Si Alexx Stahl n’est pas Bobby Kimball, il arrive tant bien que mal à éviter un ridicule dans lequel s’enferrent ses camarades guitaristes avec, entre autres, un solo en shred sur ‘Africa’ d’un ridicule affligeant. Pour soutenir la comparaison avec Steve Lukather, il faut un minimum de finesse dont le combo ne semble pas être équipé (‘Rosanna’, léger comme un pachyderme après son dîner). La preuve, seuls les titres les plus heavy s’en sortent sans trop de dégâts, même si Stahl peine un peu dans les aigus sur certains titres (‘Rebellion’). Par contre, dès qu’il faut se frotter à des formations plus mélodiques, le massacre n’est pas loin, voire évident (‘Tears In The Rain’, ‘Hallelujah’, ‘Love Don’t Lie’…). Et pour clôturer le tout, la présence en fin d’album de trois titres de Quaster, occulte formation allemande, laisse dubitatif quant à son intérêt.
Si cette analyse vous paraît sévère c’est qu’elle concerne une formation que l’expérience aurait dû mettre à l’abri d’un tel naufrage. Bien sûr, tout ça peut s’écouter dans le cadre d’une soirée festive et arrosée mais l’intérêt d’une telle production est tout simplement inexistant. Il est donc conseillé d’éviter de perdre son temps avec un "Legends" dont le nom ne pourra s’appliquer qu’aux formations dont les titres sont repris ici sans qu’il soit possible de vraiment parler d’hommage.