Freehowling est une formation d'une foultitude d’éléments extrême. Bâtie autour de quatre musiciens, elle dispense une musique énergique et violente sans se soucier des étiquettes. Son premier album, “A Frightful Piece of Hate”, melting-pot multidimensionnel, mêle la lourdeur de riffs chauds, la fureur et l’urgence du metal extrême, les battements épileptiques de la grosse caisse et les vocalises âpres.
L’épaisseur de la production attire d’emblée l’oreille, comme sur 'Freedom', piste entre djent et death à la rythmique chaloupée et aux guitares pachydermiques. Cette composition résume la multiplicité de la formation, quand elle flirte avec le death ou quand la voix épaisse et les riffs dantesques s’épousent admirablement. ‘Crushed World’ engendre des turbulences par sa fureur, mais aussi subjugue par son rythme presque hypnotique et entraînant. C’est l’envie de bouger qui habite ‘Extremist Terrorist’, lorsque le riff direct envahit l’espace, lorsque la voix entre clarté et obscurité retentit ou lorsque l’envolée solitaire de guitare habillée de wahwah scinde l’espace sonore.
Les titres proposent des variations puissantes (‘Master of Thought’), des rythmes écrasants ou des accélérations. Comme de multiples coups de fouets, la formation manie naturellement et presque avec masochisme l’art des contre-pieds et des changements de rythme. Une variante doom surgit lorsque le paysage se pare d’un nuage sombre, que la voix se fait plus agressive et que la guitare ralentit abusivement le tempo (‘La Ligue des Justiciers’), mais cela ne dure jamais, la formation ne pouvant se résoudre à maintenir une telle cadence. Au milieu de cette déferlante de plomb, surnagent des thèmes sociaux ancrés dans des préoccupations actuelles (‘Extremist Terrorist’).
On imagine finalement que le combo veut entrer dans la galaxie progressive en parsemant ici et là des passages d’ambiance gorgés de voix effrayantes (‘La Ligue des Justiciers’ ou ‘Children Of Society’). Ces passages inquiétants renforcent le malaise et font admirablement monter la tension d’un cran, comme si elle n’était pas assez présente et largement palpable.
En suivant les traces d’un peintre un peu impressionniste, un peu réaliste et un peu cubiste, Freehowling construit sa musique par touches de notes irisées, par aplats de couleurs, par éclaboussures variées issues des mondes extrêmes. Il en résulte un patchwork coloré et sombre, un mille-feuilles qui pourra parfois sembler un poil rectiligne et ressembler à d’autres productions. On salue néanmoins l’effort et gageons que la formation, avec un potentiel musical très présent, trouvera sa voie personnelle... Car comme un artiste bohème ou avant-gardiste, le groupe est libre de dessiner le tableau qui lui plaît. Cette liberté permet inévitablement de découvrir sa personnalité profonde.