Pourquoi les Soviétiques ne pourraient-ils pas bétonner eux aussi du bon gros stoner doom qui sent le sapin ? Pressor est là pour nous le rappeler. A sa manière. Epaisse comme une nappe d'hydrocarbure, testiculeuse comme un mammouth mal réveillé d'un sommeil millénaire.
Ils sont quatre, coincés entre un mur d'amplis aux allures de monstres échappés d'un vieux film de S.F. des années 50. Un chant (un peu) rêche comme du papier de verre, quelques claviers brumeux chargés de tapisser la cave d'un halo spectral, une rythmique solidement plantée dans une terre radioactive. Et surtout des guitares, ferrugineuses et qui dressent une hampe massive au bout de laquelle s'écoule une semence mazoutée.
Après un début bien rempli (un EP et un split entre 2012 et 2013), le groupe se fait malheureusement plus rare depuis, seul le titre 'Tripping Deep', long de presque dix minutes quand même, ayant brisé cet assourdissant silence que vient enfin balayer ce "Weird Things" énervé et bien gras. Vingt-huit minutes au compteur pour quatre enclumes remplies jusqu'à la gueule de décibels velus. Malgré une esthétique qui sent la fumette et les psychotropes, Pressor écrase tout sur son passage, rivalisant de lourdeur pachydermique. Seuls quelques effets et synthés qui évoquent la conquête spatiale chère à Youri Gagarine, viennent adoucir cet Oural de riffs rocailleux.
Passée une entame à la fois plombée et brumeuse ('Heavy State') qui installe l'auditeur dans une ambiance un peu irréelle, l'éponyme 'Weird Things' déboule. Les murs tremblent sous les coups de boutoir conjugués de vocalises biberonnées au Destop et de grattes qui rampent à la surface d'un sol tchernobylien, le tout enrobé de ces effluves stellaires qui confèrent un cachet psychédélique. Même punition avec 'Tripping Deep' que nous connaissions déjà, véritable périple sismique qui ouvre des failles spatio-temporelles béantes. Plus trapu, 'Hexadecimal Unified Insanity' referme le sas avec une force bourrue.
Cosmique et pourtant ultra heavy, Pressor nous offre en moins d'une demi-heure une vraie leçon de stoner doom qui sent l'herbe et le mazout.