Troisième album pour C-Sides, "10 Days" est basé sur un écrit de Nellie Bly, "10 days in a New York mental institution, Blackwell Island", suite à une enquête courageuse menée dans ce qu’on appelait un asile, à la fin du XIXè siècle - enquête qui a contribué à améliorer les conditions de traitement des aliénés.
Comment traduire la folie ? Les deux anciens de Magenta (le guitariste Martin Rosser et le batteur Allan Mason‐Jones) quittent les atours néo-progressifs de leur groupe d’origine pour adopter un ton nettement plus rock, accusant une nette parenté avec Rush sur le titre d’entame avec son gros rythme et son riff puissant ; la guitare délivre deux solos bien envoyés et les claviers, contrairement à Magenta, se font plus discrets, jamais évanescents, mais se réservent toutefois quelques parties solistes ('Day 6’). La basse est très présente, claque et ronfle, et la batterie montre une frappe nette et puissante.
Les différents chapitres sont liés par des transitions atmosphériques donnant un air nettement cinématographique à l’album, qui promène l’auditeur parmi diverses sensations, du retranchement calme ('Day 4') à l’agitation schizophrène ('Day 6', la fin de 'Day 5') ou la mélancolie ('Day 8'), toutes des ambiances rappelant que la folie n’est pas un monde monomorphe. Les voix, tantôt masculines (joli timbre rock entre Stones et Who), tantôt féminines (mais un peu nasillardes : 'Day 10') se répondent intelligemment. L’ouvrage se termine par une conclusion apaisée ('On Reflection’) aux charmantes harmonies vocales.
Le bémol réside dans le concept même de l’album : décrire un univers aussi disparate que celui des troubles mentaux est une gageure qui ne peut que livrer un album plutôt hétérogène, quel que soit le soin apporté aux arrangements atmosphériques. Il en résulte une certaine difficulté à s’intégrer à l’univers délivré, qui propose trop de directions pour être totalement cohérent (mais la folie est-elle cohérente ?). C’est d’autant plus regrettable que les musiciens sont fort à leur aise, Martin Rosser délivrant notamment quelques partitions bien menées ('Day 3'). Un album dispersé mais néanmoins agréable.