Tout semble aller pour le mieux pour Peter Jones. Après avoir tourné avec le groupe de rock progressif légendaire Camel en tant que chanteur, pianiste et saxophoniste en 2018, le multi-instrumentiste anglais effectue son retour en studio avec son projet personnel, Tiger Moth Tales. Suite au succès de "Story Tellers Part One" paru en 2015, le musicien a décidé d’ouvrir le deuxième chapitre de l’opus.
L’album reprend certaines histoires dont Peter Jones raffolait durant son enfance. Ainsi, on retrouve de nombreux thèmes aux allures de bande originale de films ou de dessins animés. Dans cette optique, l’instrumental ‘Hundred Acre Wood’ tire son épingle du jeu avec un aspect très classique, porté par une clarinette délicate en tant qu'instrument principal. Le morceau de fermeture ‘Best Friends Reprise’ avec son orchestre et ses violons grandioses sublimés par un solo de guitare clôt le disque en apothéose en guise de générique.
Le reste du temps, les ambiances et les influences sont très diversifiées. ‘Best Friends’ rappelle Genesis sur les couplets et A Silent Sound sur les refrains tandis que le progressif et délirant ‘Toad Of Toad Hall’ renvoie aux morceaux virevoltants de Neal Morse avec son clavier fou. Peter Jones est aussi capable de calmer le jeu comme sur le morceau apaisant ‘Match Girl’ ou sur le sublime duo ‘Eternity’ avec son amie Emma Friend, qui rappelle une ballade à la Michael Jackson, mettant encore une fois les harmonies au premier plan comme sur le reste du disque.
Les morceaux plus longs et plus complexes sont eux aussi de belles réussites. ‘The Boy Who Cried Wolf’ fait certainement partie des morceaux les plus intéressants avec ses changements d’ambiances, et l’instrumental épique ‘The Palace’ s’inscrit parmi les pièces majeures de l’album avec son jeu de guitare impeccable.
Seule la présence de ‘Three Little Pigs’ s’avère déconcertante. Comme le titre le laissait deviner, l’histoire raconte celle des trois petits cochons, de manière humoristique et quelque peu détournée. Musicalement, on se croirait téléporté au milieu d’un dessin animé, avec une musique très enfantine et des dialogues théâtraux entre un loup et des cochons, faisant du morceau un véritable OVNI. Le gag s’avère toutefois un peu long et les six minutes auraient pu être écourtées… Certainement un délire de l’artiste avec lui-même !
Enfin, il faut bien parler de la performance de Peter Jones ! Sur ce "Story Tellers Part Two", le musicien est impressionnant de maîtrise. Vocalement, il s’illustre parfois dans un registre théâtral à l’image d’un Ian Anderson ou d’un Peter Gabriel déjanté, mais il sait aussi s’imposer dans un registre beaucoup plus en retenue et en beauté comme sur le très beau ‘Eternity’ ou sur ‘Match Girl’. Musicalement, sa polyvalence est aussi hallucinante puisque le musicien joue de tous les instruments sur l’album.
En conclusion, “Story Tellers Part Two” est un bel album dans un style très diversifié qui apporte un vent de fraîcheur et de légèreté dans le monde progressif et qui prouve s'il en était besoin que Peter Jones sait décidément tout faire !