Coïncidant avec la quinzième année d'existence du groupe suédois, la sortie de "Off the Deep End", cinquième album de Salva publié comme son prédécesseur sur le label White Knight Records, marque la fin d'un processus intense de deux années de création pour le quintet au sein duquel un nouveau bassiste est venu remplacer Fredrik Linqvist.
Sans dévoiler toute la substantifique moelle de cette chronique, le moins que l'on puisse dire est que la musique proposée par Salva sur ce nouvel opus est pour le moins éclectique. Cela démarre en fanfare par un premier epic de près de 10 minutes dont l'entame et le final nous offrent un metal symphonique et mélodique digne de Nightwish, entre lesquels sont insérés un thème au tempo lent, un joli solo de guitare et un pont instrumental intéressant.
La même recette sera reprise pour les 11 minutes du conclusif 'Brickshort', titre pompeux et grandiloquent à souhait qui clôture en fanfare les 70 minutes de la galette.
Entre les deux, Salva nous emmène avec plus ou moins de bonheur dans d'autres directions, à commencer par un hard-blues façon Deep Purple/Uriah Heep décliné tout du long des trois premières parties de 'Clarity', avec des digressions vers un AOR très mélodique, parfois proche d'Asia ('Clarity II'). La basse est généralement très mélodieuse, et les sonorités 70's des claviers viennent renforcer l'analogie aux grands anciens.
Et comme si tout cela ne suffisait pas à distraire l'auditeur, une bonne touche de folk cohabitant sans vergogne avec des saillies métalliques peut nous être infusée ('The Ghost of Fives'), tout comme un bon AOR des familles soutenu par un accompagnement piano/violon ('Clarity IV'). Tous ces éléments mis bout à bout pourraient ressembler à un gigantesque fourre-tout, mais le souci de préserver avant tout l'aspect mélodique de sa musique permet au groupe de cimenter tout cela de manière cohérente et de maintenir l'attention tout du long de ce long album, à contre-courant de la tendance actuelle qui voit de nombreux groupes se rapprocher du format vinyle.
Si les premières productions de Salva ont été accueillies avec un certain scepticisme (je vous renvoie pour cela aux chroniques de leurs deux premiers opus…), il apparaît aujourd'hui clairement que le groupe a acquis une belle maturité de composition et d'exécution. Musique très accessible mais loin d'être linéaire, cette nouvelle livraison des Suédois attirera probablement le plus grand nombre. C'est tout le mal qu'on leur souhaite.