June 1974 est le projet de Federico Romano, artiste italien éclectique et multi-instrumentiste inclassable, artiste total qui n'hésite pas à collaborer avec des photographes et des actrices. Avant ce projet, il nous avait habitués à divers albums electro noise ou alternatif des plus incongrus et variés. Avec "Nemesi", il s'attaque à du rock progressif instrumental assez enlevé et s'entoure pour cela d'un ou deux invités par chanson, parmi des guitaristes et des claviéristes de death, de prog ou de metal italiens ou américains, principalement.
La musique imaginée et composée par Federico Romano est lumineuse. Pas dans le sens où elle serait d'une originalité folle, d'une inspiration phénoménale mais plutôt par la clarté qui s'en dégage. En effet le son est clair, plutôt aigu, avec une production assez froide et aérée. Malgré de nombreuses velléités agressives, l'écoute de ce "Nemesi" amène une certaine légèreté générale confortée par la reverb très marquée, les claviers aériens et un son de batterie plutôt brillant.
Ainsi, un titre comme 'Inoubliable', sur lequel officie Tommy Talamanca, guitariste et clavier de Sadist, déploie à la fois une espèce d'évanescence d'une grande pureté et des riffs foncièrement metal. Les arpèges délicats et les touches très aériennes de clavier côtoient ainsi une brutalité contenue qui ne fait que passer dans cet environnement plutôt douceâtre. 'Narciso' débute à la double grosse-caisse, là aussi feutrée, pour soutenir une lead guitar assez frivole et quelque peu démonstrative. 'Panorama' qui voit intervenir Andy LaRocque (King Diamond) et à nouveau Tommy Talamanca débute avec une batterie tribale très prégnante et se développe autour de ces rythmes marqués et de guitares parfois mélodiques et affirmées, parfois célestes et insaisissables.
"Nemesi" est d'une grande cohérence sonore, d'une couleur à la fois originale et homogène. Même avec le saxophone sur 'Nothing Man' ou le son metal de 'Death Note' avec Patrick Mameli (Pestilence) ou de 'Creed' avec James Murphy (Obituary, Death), l'album ne déroge pas trop et ne surprend guère, dès lors qu'on adhère à son ambiance particulière. Il se conclut sur un 'Beloved' avec Franqucesco Sosto (The Foreshadowing) qui assume plus que tous les autres morceaux son caractère poétique et bucolique.
Un album instrumental qui pourrait quelque peu perdre l'auditeur mais qui possède une lumière particulière et prend le risque de mêler diverses influences, ce qui en fait un objet intéressant à défaut d'être passionnant.