Peu d'informations circulent au sujet de Noïtatalid. A peine savons-nous qu'il s'agit d'un trio russe qu'animent des frangins, Andrei (chant et guitare), Vitaly (basse) et Aleksey (batterie), unis sous la bannière d'un death metal annoncé comme bien brutal. "Furies In The Steppes From Russia" est leur premier signe de mort. Voilà. Qu'en est-il réellement ?
Ce qui frappe d'emblée à l'écoute de ce méfait originel est sa force rentrée à laquelle participe un menu trapu qui rumine douze salves en moins d'une demi-heure. A l'exception d'un 'Voiceless' presque épique en comparaison avec ses quatre minutes et quelques au jus, tous les titres sont crachés avec la frénésie d'un puceau en passe de perdre sa honteuse virginité. Citant Cannibal Corpse comme principal combustible, on pouvait s'attendre à ce que les Soviétiques bastonnent aux quatre vents sans jamais faire de prisonniers, labourant les chairs, éviscérant tout ce qui passe à la vitesse d'une tronçonneuse enrayée et poissée de sang. Or, en fait, il n'en est rien.
Non pas que les trois frérots fassent dans la dentelle ou le point de croix (à l'envers) mais en injectant une bonne dose de thrash à leur metal de la mort qui fait peur ('White Buttock'), en rampant dans un charnier boueux, ils sonnent non pas d'une manière mélodique mais avec une lourdeur vicieuse et implacable, ce qui ne les empêche pas de parfois tabasser à la vitesse d'un cheval au galop ('Lie And Win').
Coincé entre deux instrumentaux dont la très courte durée les rend cependant inutiles, dix morceaux s'enchaînent, secoués par une batterie qui claque comme une boite à rythmes façon Lapin Duracell et grouillant de vocalises aussi grumeleuses qu'incompréhensibles en une bouillie pesante et malsaine. Toujours branché sur le même mode de pilonnage, "Furies In The Steppes From Russia" semble - quasiment - répéter à l'infini un seul et unique titre, même si quelques timides nuances, quelques breaks ('Immortal Life') viennent parfois rompre cette uniformité apparente. Ce qui lui confère des allures de bloc, de masse aux contours flous. Une prise de son rudimentaire et authentique ajoute à ce caractère un peu embryonnaire voire brouillon, comme si nous avions affaire à une démo.
Mais de ce brouet fétide, Noïtatalid tire son identité, à la fois hypnotique et morbide, froide et intense. Le résultat se révèle curieux, inachevé certes, mais ces traits bouillonnants lui donnent une force aussi pulsative que cruelle.