Christian Tolle est un chanteur compositeur germanique. Son projet, C.T.P. (Christian Tolle Project) prend corps avec la sortie en 2000 de l’album "Better Than Dreams". Sur cet opus
et sur le suivant, Steve Lukather (Toto) lui tient compagnie, preuve que le
Monsieur est digne d’intérêt. A partir de 2012, John Cuijpers, le dernier
frontman en date de Praying Mantis, vient lui prêter main forte. En cette année
2018 finissante, "Point Blank" nous est servi sur un plateau.
Cette cinquième offrande
associe quelques autres musiciens de votre connaissance, notamment le chanteur David Reece (connu pour avoir assuré avec Accept, sur un album, le lien entre les deux
époques Udo
Dirkschneider et comme géniteur du combo Sainted Sinners en activité
depuis deux ans) et Mathias Dieth, l’ancien guitariste de Gravestone et de Sinner, combos métalliques des 80’s. Mais surtout un certain Doug Aldrich (The Dead
Daisies) qui a partagé, six-cordes en bandoulière, l’existence musicale de Ronnie
James Dio pendant cinq ans et de David Coverdale au sein du Serpent Blanc
durant huit ans.
Ce descriptif précis du
line-up de C.T.P. est justifié car il explique l’intérêt majeur de ce "Point
Blank", ses qualités instrumentales et le son dynamique et cristallin qui est
ici envoyé. Reste en suspens un questionnement lancinant : dans quel genre
musical cette association de musicos d’obédience diverses peut-elle
évoluer ? La biographie du groupe parle de classic rock avec une approche
moderne. Entre nous soit dit, oubliez l’aspect modern edge, nous avons affaire
ici, sans détour, à un hard rock des plus classiques tourné comme il se doit
vers les 70’s et les 80’s.
Ainsi, au jeu des
comparaisons, des rapprochements, à l’écoute des dix morceaux constituant
l’objet nous viennent principalement à l’esprit le Whitesnake et le Rainbow des
années 80. D’ailleurs, ce dernier est à l’honneur sur ce "Point Blank" puisqu’y
figure une reprise du hit majeur de la bande à Blackmore, en l’occurrence le
méga-réputé 'Since You’ve Been Gone'. Ce titre, le plus commercial de Rainbow avec 'I Surrender', est livré ici en mode « restons fidèles aux maîtres ». En
effet, il faut avoir consommé à haute dose cette ritournelle pour percevoir les
variations osées par ce tribute. Rien de neuf sous le soleil donc, même si c’est
toujours un plaisir empli de nostalgie de réécouter ce tube.
Pour le reste des
compositions, elles donnent immanquablement envie de taper du pied. Toutefois,
l’impact mélodique n’est pas véritablement présent sur tous les morceaux. En
effet, si l’entrée en matière constituée du sensationnel titre éponyme, du
percutant 'Borderline', de la reprise précitée et de l’agréable ballade 'Proceed
With Caution' nous incite à imaginer détenir un incontournable opus, la suite s’avère
être plus dispensable, malgré la qualité des vocalises de Cuijpers et de
Reece - qui se partagent l’interprétation des compositions - et l’excellence
des guitares assurant riffs larger than life et soli incessants.
Ainsi, 'Too Late' ne
décolle guère, 'Fight Another Day' est aisément oublié, 'Before I Fall', dont l’un
des riffs est sans ambage copié sur un passage du 'Still Of The Night' de
Whitesnake, ne possède que peu d’impact et 'Black Friday' est loin d’être
mémorable. La fin de l’album retrouve toutefois une certaine vigueur avec un 'Don’t
Make Me Wait' marquant à nouveau une application mélodique bienvenue et un 'Lonely Is The Night' qui, grâce aux guitares, s’achève en beauté après une
entame manquant de saveur.
Alors, sauf à n’apprécier
les qualités d’un album qu’à l’aune de l’aisance technique des guitaristes y œuvrant,
vous risquez fort, après l’avoir toutefois écouté avec plaisir, d’oublier rapidement
ce "Point Blank". Au vu du pedigree de ses protagonistes et de son démarrage, nous
aurions pu nous attendre à un opus d’une autre facture en termes de qualité d’accroche
mélodique.