Deux ans à peine après un "Brothers in Boogie" de bonne facture aux fragrances musicales de Status Quo, les Allemands de Piledriver reviennent pied au plancher avec un nouvel album bien nommé "Rockwall". Le groupe s'inscrit toujours et sans surprise dans un boogie rock qui se cherche des héritiers ou des successeurs après la fin d'AC/DC notamment. Alors certes, Molly Hatchet est revenu en 2018 avec un nouveau skeud mais il appartient désormais à de nouveaux groupes de prendre la relève de leurs aînés vieillissants afin de continuer à faire vivre ce style qui allie énergie festive avec des passages bluesy, et Piledriver s'inscrit parfaitement dans cette mouvance non sans proposer quelques belles surprises.
L'auditeur est plongé d'emblée dans l'ambiance australienne avec un 'Stomp' qui sur la forme est un clin d’œil totalement assumé à la bande à Angus Young jusque dans la voix à la Brian Johnson, tout aussi éraillée. Mais dans ce second album, Piledriver tend à asseoir sa personnalité tout en conservant les bases d'un style dans lequel il baigne depuis ses débuts. C'est ainsi que "Rockwall" s'émancipe des influences qui étaient marquées dans "Brothers in Boogie". En effet, les Allemands proposent des titres hard rock d'une grande efficacité comme 'Waiting' qui propose quelques breaks bien sentis.
Mais là où le groupe gagne en intérêt c'est dans les titres mid tempo très bien composés qui apportent plus de relief et de consistance à un ensemble basé essentiellement sur l'énergie, par définition sans temps mort. 'Farewell' est ainsi attachant avec son riff hypnotique et son superbe solo irrésistible. La suite est un morceau acoustique de toute beauté dont la relative simplicité permet de faire passer une très jolie émotion. 'For Freedom and Friends' est une petite bulle au thème sans doute très personnel, que le groupe partage avec ses fans avec une certaine générosité. Sans dégouliner de sucre, le morceau est l'un des plus beaux moments de l'album. Sur les mêmes bases, 'Nazareth' aborde la religion avec tact en épousant une jolie dualité entre couplets calmes et posés et chorus à l'énergie contenue.
Grace à cette variété, les titres les plus rythmés se dégagent et ne sont donc pas noyés. L'ADN du groupe se retrouve dans les titres comme 'One For The Rock' qui pourrait devenir la devise du groupe tel les mousquetaires d'Alexandre Dumas, et aussi dans le jouissif 'Little Latin Lover' conclusif qui donnera l'envie de se lever et de se lancer dans un rock endiablé avec sa couleur un peu vintage.
Avec "Rockwall", Piledriver continue sa progression en digérant mieux ses influences afin de proposer une musique plus personnelle qui gagne tout autant en variété qu'en intérêt. Le boogie rock a trouvé ses légataires.