Après avoir publié en 2007 le résurrectionnel "Born From Fire", le label Metalville a le bon goût de déterrer deux anciennes rondelles de The Quill et pas n'importe lesquelles puisque "Voodoo Caravan" et "Hooray ! It's A Deathtrip", respectivement gravés en 2002 puis 2003, comptent parmi les albums majeurs du combo suédois. Mieux, le premier d'entre eux fait même figure de pierre angulaire de la chapelle stoner aux côtés des "Mantra III" et "Ad Astra" de Spiritual Beggars, son grand frère avec lequel il partage alors le bassiste Roger Nilsson. Occasion est donc offerte de (re)découvrir ces deux pépites et de souligner combien ce groupe demeure toujours trop méconnu.
Car il y a seize ans, lorsqu'ils enfantent leur troisième opus, les Scandinaves n'ont pas à rougir de la comparaison avec leur aîné que commande le guitariste Mike Amott et dans l'ombre duquel les placera le recrutement du quatre-cordiste qui enregistrera cette même année 2002 "On Fire". Dans le sillage de cette cinquième offrande des Mendiants Spirituels, nombreux sont alors ceux à découvrir The Quill dont le "Voodoo Caravan" accueille d'ailleurs Amott le temps d'un "Shapes Of Afterlife" incandescent. Malgré les années au compteur, cet album n'a pas pris une ride. Le quatuor y apparaît au sommet de sa fertilité, accouchant d'une large poignée d'hymnes gras et flamboyants.
Il faut dire que les musiciens qui le composent alors forment un socle imparable, bâtissant des fondations coulées dans le béton armé. Outre le bassiste, Christian Carlsson (guitare), le batteur George Atlagic (ex Firebird et Hanoi Rocks) et le chanteur Magnus Ekwall animent ainsi le meilleur line-up que le groupe ait connu. Si, pour l'occasion, "Voodoo Caravan" se voit enrichi de trois titres bonus totalement inédits (nous y reviendrons), son menu d'origine se suffit à lui-même, enfilant les bûches comme d'autres les perles.
Enrobés d'un son épais tout en généreuse rondeur, concocté par Berno Paulsson (Amon Amarth, The Haunted et bien sûr Spiritual Beggars !), ces onze brûlots ouvrent les vannes d'un stoner rock qui allie la puissance d'un chant racé à la rugosité d'une rythmique velue sur un lit de six-cordes incendiaires cependant que de discrets claviers aux accents seventies dispensent une atmosphère soyeuse. Bref, tout y est : les compos, l'exécution, la classe. Nerveux lors d'une amorce extrêmement efficace, avec la doublette 'Voodoo Caravan' / 'Sell No Soul', l'album gagne peu à peu en intensité quand il fait parler l'émotion ('l'énorme 'Drifting' ou le moelleux 'Until Earth Is Bitter Gone' et son Mellotron hanté), flirte avec un blues sudiste ('Travel Without Moving'). Le tempo se fait alors plus lent...
Après de prometteurs premiers pas, The Quill franchit donc une étape avec cet essai du feu de dieu qui transforme le plomb en or en alliant la force heavy du Sabbath originel et la flamboyance accrocheuse de Deep Purple. Ce faisant, il donne ses lettres de noblesse à ce stoner à la suédoise qui sent davantage le pin que la fumette en dépit de son titre évocateur de quelque paradis artificiel.
Un dernier mot concernant les bonus qui n'ont rien de fonds de tiroir. 'Spiral' envoie le petit bois et souligne les racines purpleliennes (le Mark III) du combo avec sa guitare nerveuse et son orgue Hammond brumeux. 'Gather Round The Sun' est sabré par un break sombre et rampant tandis que 'Thousand Years' meurt sur un final de toute beauté. Indispensable.