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""Triumphant Hearts" de Jason Becker est un album important dont la portée dépasse largement la musique."
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Il s’est enfermé dans les toilettes du studio de Bob Rock, à Vancouver. Il s’est pris la tête entre les mains et s’est mis à pleurer. Il ne pouvait plus s’arrêter de pleurer. Quelques mois plus tôt, en début d’année 1990, une seule audition avait suffi à David Lee Roth pour apprécier son exceptionnel talent et l’engager à la place de Steve Vai, parti rejoindre Whitesnake. Mais ce soir-là, Jason Becker n’est pas arrivé à jouer ‘Dr-op In The Bucket’. C’est pourtant lui qui avait composé ce morceau pour l’album de Diamond Dave "A Little Ain't Enough". Alors pourquoi sa main gauche refusait-elle de le jouer et le lâchait maintenant, en plein enregistrement ? L’année précédente, il avait été célébré par Guitar Magazine comme le guitariste le plus doué de sa génération, suite à la parution de son album "Perpetual Burn". Il voulait être l’égal d’Yngwie Malmsteen qu’il admirait. Malmsteen le savait et refusait de le rencontrer. Satané Suédois, satané destin, satanée maladie. Les médecins lui avait dit qu’il était condamné mais à vingt ans, Jason ne pouvait pas le croire. Et puis jusque-là, la sclérose latérale amyotrophique n’avait attaqué que ses jambes. Mais ce soir-là, c’est sa main gauche qui ne répondait plus et enfermé dans les toilettes du studio, Jason comprenait que l’enfer commençait.
Trois ans à vivre, c’est ce qu’avaient prédit les médecins. Aujourd’hui, près de trente ans après, Jason en rigole. Ils avaient dit la même chose à Stephen Hawking. Mais la maladie du guitariste a évolué plus vite que celle du célèbre physicien. A maintenant 49 ans, Jason Becker est totalement paralysé, ne peut plus parler, respire par un trou dans sa trachée, s’alimente par une sonde gastrique mais garde sa vivacité d’esprit intacte et son humour à toute épreuve, se baptisant lui-même l’homme le plus sexy de la planète. Surtout il n’a jamais cessé de communiquer ni de composer, avec les yeux. Cette extraordinaire envie de vivre, il la doit en grande partie à son entourage. A ses parents d’abord qui ont hypothéqué leur maison deux fois pour s’occuper de lui à plein temps. A son père bien sûr qui a mis au point un système de communication basé sur les mouvements oculaires de son fils. A ses amis guitaristes, Marty Friedman en tête, le pote de toujours qui avait été le premier à déceler le génie de Jason pour la guitare et qui l’avait accueilli, encore adolescent, au sein de Cacophony. Et à tous les fans du monde entier, bouleversés par son histoire, qui financèrent par crowdfunding cet album inespéré, "Triumphant Hearts".
C’est d’ailleurs autant avec le cœur qu’avec les yeux que Jason Becker a peaufiné pendant des années ce nouvel album, qui n’aurait jamais vu le jour sans l’apport des nouvelles technologies au service du handicap. Et le plus bouleversant est la sérénité qui se dégage de ses compositions. Dès la première piste, ‘Triumphant Heart’, l’Américain met sa connaissance parfaite de la musique classique au service d’une magnifique symphonie de cordes et de violon débouchant sur la guitare aérienne du fidèle Marty Friedman, le tout premier invité des nombreuses pointures venues interpréter les compositions de leur ami. La musique symphonique et orchestrale est également à l’honneur sur d’autres titres : le magnifique ‘Fantasy Weaver’ avec l’incroyable partition pour ukulélé du surdoué Jake Shimabukuroqui, le troublant ‘Once Upon A Melody’ qui incorpore de vieilles pistes de guitare enregistrées par Jason lui-même et le délicat ‘Magic Woman’ où la guitare acoustique de Chris Broderick répond avec finesse à la guitare spatiale de Uli Jon Roth. A travers ces titres, Jason Becker compose la bande originale du film de sa vie d’enfermement et nous invite au voyage de son esprit, bien au-delà de son corps meurtri.
"Triumphant Hearts" recèle de nombreux moments d’émotion dont les points culminants sont sans nul doute ‘Hold On To Love’, ballade gospel et rythm & blues lumineuse dominée par la voix soul délicate de Codany Holiday et ‘Blowin’ In The Wind’, superbe arrangement du célèbre hit de Bob Dylan dont chaque mot semble avoir été écrit pour Jason. Mais l’album contient aussi de vrais grands morceaux de guitare instrumentale. De Joe Satriani à Steve Vai en passant par Guthrie Govan, Paul Gilbert, Joe Bonamassa, Mathias Eklund et bien d’autres, certains des plus grands spécialistes de l’instrument ont été invités à marquer de leur empreinte les morceaux les plus rock du disque (‘River Of Longing’, ‘Valley Of Fire’).
"Triumphant Hearts" est un album important dont la portée dépasse largement la musique. Il est impossible de l’écouter en faisant abstraction de l’histoire de son auteur. Et c’est tant mieux, car au-delà de la prouesse et de l’émotion, il est la preuve du pouvoir de la passion et de l’esprit humain dont il repousse les limites avec un optimisme déconcertant, jusqu’à la toute dernière piste de l’album, extrait d’un enregistrement de Jason enfant qui s’exclame en riant : ‘You Do It’. Oui, vous l’avez fait Monsieur Becker. Merci de nous redonner foi en l’humanité.
Plus d'information sur
https://www.facebook.com/jasonbeckerofficial/
LISTE DES PISTES:
01. Triumphant Heart 02. Hold On To Love 03. Fantasy Weaver 04. Once Upon A Melody 05. We Are One 06. Magic Woman 07. Blowin’ In The Wind 08. River Of Longing 09. Valley Of Fire 10. River Of Longing 11. Taking Me Back 12. Tell Me No Lies 13. Hold On To Love 14. You Do It
FORMATION:
Jason Becker: Guitares Jeff Loomis: Guitares / Invité Aleks Sever: Guitares / Invité Ben Woods: Guitares / Invité Chris Broderick: Guitares / Invité Codany Holiday: Chant / Invité Glauco Bertagnin: Invité / Violon Greg Howe: Guitares / Invité Gus G.: Guitares / Invité Guthrie Govan: Guitares / Invité Hiyori Okuda: Invité / Violoncelle Jake Shimabukuro: Invité / Ukulélé Joe Bonamassa: Invité Joe Satriani: Guitares / Invité Marty Friedman: Guitares / Invité Mattias Ia Eklundh: Guitares / Invité Michael Lee Firkins: Guitares / Invité Neal Schon: Guitares / Invité Paul Gilbert: Guitares / Invité Richie Kotzen: Guitares / Invité Steve Hunter: Guitares / Invité Steve Knight: Chant / Invité Steve Morse: Guitares / Invité Steve Vai: Guitares / Invité Trevor Rabin: Guitares / Invité Uli Jon Roth: Guitares / Invité
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(1) AVIS DES LECTEURS
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Comment ne pas donner un avis sur cette magnifique offrande de Jason Becker. Je ne connaissais pas son histoire, alors délivrer un tel album, c'est juste ... whaouh !!! Alors oui, cet album est suprenant à plus d'un titre. Il commence tout d'abord par 3 titres purement orchestraux, tous aussi beaux les uns que es autres, avec juste, intercalé, LA ballade de l'album. Le titre We Are One, funky en diable, donne donc une autre orientation à l'album. Après un Magic Woman dont la musique suave ne pouvait dépareiller d'un titre aussi évocateur, arrive la reprise purement acoustique de Blowin In The Wind. Je ne suis pas adepte de cette pratique, mais je dois reconnaître que celle ci apporte une vraie dimension à ce titre iconique du folk. Et alors là, déboulent entre nos esgourdes déjà bien servies les 2 titres phares de l'album, River of longing suivi de Valley of fire. Difficiles d'en sortir un plus que l'autre, les 2 emmènent la guitare (devrais je dire les guitare !) vers les sommets. Avec on ambiance western (attention au coup de feu !), Valley of fire vous réservera bien des surprises.
Je me demande si j'ai déjà mis un 5 à un album : celui-ci le mérite amplement. Allez y les yeux fermés !!!
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LECTEURS:
5/5 (2 avis)
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STAFF:
5/5 (2 avis)
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