Soilwork fait désormais partie du paysage metal suédois depuis 1995, ce qui confère aux originaires de Helsingborg le statut de formation majeure dans le style. A l’aube de la sortie du onzième album du combo scandinave, "Verkligheten" n’a déjà plus grand-chose à prouver tant la place de ses géniteurs est toute trouvée.
Pour le groupe, ce nouvel album est synonyme d’innovation. Le nom de l’opus signifie "réalité" en suédois. La formation de death mélodique cherche à travers ce titre à traduire sa volonté de s’échapper de sa situation pour expérimenter de nouveaux horizons. Le chanteur et désormais unique membre fondateur du sextet, Björn "Speed" Strid, dit même de ce "Verkligheten" qu’il serait peut-être "l’album le plus sombre et épique à ce jour dans la carrière de Soilwork“.
L’homme fort du groupe ne pouvait pas si bien dire. Le disque présente en effet les atouts que l’on attribue généralement aux Suédois : des guitares ultra-rapides et techniques, des solos endiablés un chant tantôt hurlé, tantôt clair, mais toujours très puissant et adéquat. Derrière les fûts, le travail est lui aussi considérable. Dirk Verbeuren, ancien batteur du groupe parti rejoindre Megadeth en 2016 a depuis été remplacé par Bastian Thusgaard, et force est de constater que le musicien, malgré son jeune âge, a tout d'un grand. Enchaînant les blast beats détonants, son jeu d'une précision chirurgicale aura de quoi ravir les amateurs du groupe.
Une fois la courte introduction à la fois mystérieuse et calme terminée, les hostilités démarrent avec 'Arrival', l’un des singles de l’album, dans un style death mélodique ayant fait ses preuves. L’autre single 'Full Moon Shoals' tire lui aussi son épingle du jeu avec son riff mélodique. Dans cet océan tortueux de violence déchaînée, les couplets atmosphériques apportent un apaisement fugace avant un refrain radio-friendly bien trouvé, faisant du titre une pièce bien conçue
"Verkligheten" est finalement à l’image de Soilwork : une machine surpuissante et bien huilée, impressionnante de maîtrise technique, un titan écrasant tout sur son passage. Autant d’avantages ayant le défaut de leurs qualités. Le son général est tellement brut de décoffrage que l’on pourra lui reprocher de manquer d’alternance dans les registres abordés. L’accent étant mis sur la puissance pure ('The Nurturing Glance', 'Witan') et la technique ('Needles And Kin'), il est vrai qu’à la longue, les compositions peuvent parfois manquer de nuances et ainsi instaurer une certaine fatigue auditive.
Certains morceaux affichent quelques tentatives d’apaisement des mœurs comme en témoigne l’intro paisible et mélodique de 'The Ageless Whisper', mais ces sections restent toutefois assez rares pour relancer la dynamique de l’album. De même, lorsque l’on écoute le disque dans sa globalité, la façon de composer étant assez similaire d’un titre à l’autre, il s’avère difficile de réellement voir certains morceaux se démarquer des autres, si bien que les douze chansons semblent se mélanger dans la mémoire de l’auditeur.
Ce onzième opus n’en est pas moins un album de bonne facture où nombre de titres pourraient être des singles de par leur côté "rentre-dedans" et direct qui devraient avoir un impact massif sur scène. Avec une recette aussi implacable, une technique aussi impressionnante et un rendu aussi propre, nul doute que Soilwork a encore de beaux jours devant lui.