"Out of Mind" est le quatrième album d’un groupe londonien qui porte le nom surprenant de Hats Off, Gentlemen, It’s Adequate, cette dénomination ("Chapeau bas, Messieurs, ça en vaut la peine") relevant soit d’un solide sens du deuxième degré, soit d’une indicible prétention, laissant quelque peu perplexe. En principe, l’écoute devrait permettre de trancher.
Hats Off… c’est avant tout Malcolm Galloway, ici voix, guitare et claviers, qui a enregistré ses deux premiers albums en solo avant de s’adjoindre les services d’un bassiste en la personne de Mark Gatland. Sur cet album conceptualisé autour de la mémoire (vaste sujet…), Kathryn Thomas est venue en guest poser quelques lignes de flûte et de chant.
Parmi les multiples influences revendiquées, grand écart allant de Rage Against the Machine à Steve Rothery ou Bob Dylan, ressortent peu d’évidences : le style forgé par Malcolm Galloway est assez particulier, pas franchement typé mais s’appuyant sur des accords floydiens (le début de 'I Miss the Stars', décalque peu inspiré de 'Shine On…'), ou des traits de guitare type Rothery/Gilmour (l’entame de 'Coming Back'), puis lançant une basse souvent obsédante mais rapidement monotone. La plupart des titres manquent en fait de construction, tournant en rond dans une façon assez atmosphérique, mais avec une production brouillonne qui assourdit le propos.
Du coup, il y a très peu de choses à retenir dans cet opus. A l’écoute, seul le dernier titre 'Lidice', correctement mis en place (joli solo de flûte), arrive à sauver l’album d’un naufrage à peu près total. Le chant est mal assuré : même si Malcolm Galloway fait illusion sur le premier titre, se la jouant entre Roger Waters et David Bowie, son timbre est souvent assez désagréable ('Stand Up', carrément moche) et les lignes vocales tutoient l’indigence ('I Miss the Stars' le bien nommé, qui arrive à évoquer pleinement le vide sidéral !). Les intros se ressemblent, la batterie, très scolaire, reproduit souvent le même pattern ('Maze', 'Defiance', 'Stand Up' : même combat !) et beaucoup de morceaux apparaissent dangereusement linéaires ('Losing Myself', 'The Rose that Was Red in the Dark')…
En somme, Malcolm Galloway se trouve là où la majorité des groupes tenus par un homme à tout faire se situe : production et exécution très moyennes, et avec une inspiration limitée. Il faudra beaucoup de travail pour livrer un opus qui fasse se déchapeauter les auditeurs !