Déjà auteur d'un premier album l'année dernière intitulé "2048", Pavallion sort en cette fin d'année 2018 sa nouvelle production, "Stratospheria". Pavallion est un groupe de quatre musiciens allemands interprétant, si l'on en croit les étiquettes jaunes collées sur la pochette, un post-rock psychédélique.
Si cette appellation peut en inquiéter certains, post rock et psychédélisme étant chacun marqué de connotations stylistiques dont il est parfois difficile de s'extraire, elle apparaît à l'écoute des trois titres constituant l'album finalement quelque peu réductrice. Certes les deux longues plages que sont 'Waves' et 'Stratospheria', ce dernier étant un epic de près de 25 minutes découpé en 5 parties, partagent cette inclination aux longs développements cycliques tournant autour de boucles hypnotiques de guitares et d'un chant mélancolique qui, partant de façon confidentielle, s'enflent dans un long crescendo pour retourner à l'apaisement après un decrescendo.
Mais si 'Waves' respecte les canons du post rock, 'Stratospheria' se révèle plus aventureux. Boucles folles de guitare invitant à la danse, gimmick lancinant de basse, duo de guitares hypnotiques évoquant un Tangerine Dream dopé aux vitamines, mélodie à la limite du hard rock, le morceau réserve quelques surprises qui évitent la monotonie, travers dans lequel tombent nombre de groupes de post rock, pour ressembler finalement à du Pink Floyd atmosphérique, référence à tout prendre plutôt flatteuse. Si l'ambiance reste mélancolique et lancinante, souvent stratosphérique comme l'annonce le titre de l'album, les thèmes de chaque titre sont exposés suffisamment longtemps pour que l'auditeur s'en imprègne mais assez brièvement pour ne pas lasser, la fluidité des transitions entre chaque thème permettant aux titres de garder une cohérence d'ensemble.
Alors certes, l'album ne fait pas preuve d'une folle originalité mais laisse une impression fort agréable de douceur vaporeuse. Et le plus court 'Monolith' constitue une surprenante curiosité avec son rythme pesant et macabre, ses soupirs et sa voix d'outre-tombe, son ostinato de notes grêles, plus proche du doom que du post rock. En incorporant à son post rock des touches exogènes de doom et de progressif, Pavallion nous livre un album séduisant qui s'écoute avec un plaisir gourmand sans jamais se montrer lassant.