Derrière le pseudo Riveryman se cache en réalité Toni Jokinen. Après avoir étudié la pop et le jazz et avoir joué du metal avec Throes of Dawn ou encore de la pop avec Dreams, le musicien a monté son projet de rock progressif, Riveryman, avec un premier album sorti en 2009. Neuf ans plus tard, le Finlandais sort alors ce qui semble être son deuxième album, “Views Fears & Stories”. L’information est toutefois à prendre avec des pincettes car sur la toile, très peu d’informations sont disponibles au sujet du mystérieux multi-instrumentiste.
Un rapide coup d'œil à la pochette suffira à rappeler celle du magistral “Civilisation” de Southern Empire, paru un peu plus tôt cette année, également signée Ed Unitsky. Mais à l’inverse du disque des Australiens, celui-ci aura bien plus de mal à nous faire décoller avec lui, contrairement à ce que ce curieux appareil volant tracté par une tortue pourrait laisser croire.
Toni Jokinen est vraisemblablement un guitariste très talentueux et technique. Ses compositions sont donc bâties autour de son jeu de six cordes. Jusque-là, rien de bien surprenant. Cela donne parfois même de bons passages comme le refrain de ‘Rumours In The Darkness’. Mais souvent, l’omniprésence de l’instrument a de quoi soûler littéralement l’auditeur, comme sur ce même morceau où les couplets sont basés sur un solo de guitare, sans qu’il n’y ait de véritable mélodie en arrière-plan.
Les amateurs de prog chercheront à se remonter le moral en se réfugiant sur le long morceau ‘Concealed Universe’ pour entendre peut-être quelque chose de plus consistant. Malheureusement, le shred incessant et intempestif du guitariste viendra ruiner le titre dans son intégralité, malgré quelques passages pourtant intéressants, portés par un synthé amenant une vague de fraîcheur sur la première moitié du morceau.
Au-delà de ce côté guitar hero, les compositions souffrent souvent d’un manque de feeling et de liant. Les minutes passent au sein d’un même titre et l’on a du mal à discerner où l’on va et d’où l’on vient. Le titre introductif, ‘Passing The Chamber Of Insanity’, en est l’exemple parfait avec ses sections qui s’enchaînent sans cohérence aucune.
Enfin, un certain nombre de morceaux ont une place discutable sur l’album. ‘View To A Forthcoming’ et son piano étrange sur fond de voix parlée intrigue et finit même par devenir irritant malgré sa très courte durée. Dans le même esprit ‘Figurine Of 10 Mysteries’ met en avant un piano semblant jouer des notes tout à fait aléatoires et ne présentant que peu d’intérêt. On se consolera quand même avec ‘Messenger Of God’ grâce à son début symphonique emmené par des claviers profonds et son refrain mélodique qui tente de rattraper le coup.
En résumé, si “Views Fears & Stories” peut se montrer intéressant par moment, l’œuvre est généralement desservie par un manque de continuité et d’inspiration que la technicité du guitariste ne parvient pas à compenser. Souhaitons au musicien de travailler sur ces aspects pour nous revenir peut-être plus tard avec un album plus abouti !