Tiens, il parait que le prochain Evergrey fait partie d’une trilogie. Oui, c’est vrai, mais c’est le troisième volet de cette trilogie entamée en 2014 avec “Hyms For The Broken” et poursuivi il y deux ans avec “The Storm Within”. Surprise ! “The Atlantic” dépeint cette fois la transition vers un changement de personnalité ou comment devenir quelqu’un d’autre par les épreuves que la vie nous inflige, suite logique du concept des deux premiers opus.
Rarement Evergrey aura affiché autant de puissance à tous les niveaux. La puissance du son se caractérise par un homme, Jacob Hansen qui, derrière les manettes, découpe le son, mixe et secoue le tout pour nous sortir une production énorme. Jonas Ekdahl dit même que Hansen fait partie du groupe à part entière tant son travail est une partie intégrante de leur musique, et, à l’écoute, on ne peut que lui donner raison.
Le batteur est d’ailleurs le second exemple de la puissance des Scandinaves avec une prestation majuscule. Sans abuser de double pédale, son jeu est remarquable sur des rythmes parfois effrénés ou syncopés (‘Weightless’, ‘My Secret Atlantic’) qui apportent une touche de thrash ou de black metal sur certains passages. Si" heavy" est un adjectif qui sied toujours au groupe depuis 20 ans, les riffs de cet océan de décibels sont monstrueux de profondeur et d’intensité et leur variété met en exergue le talent d’un Henrik Danhage sur tous les fronts, riffs énormes, rythmiques acérées et soli virevoltants.
Puissance mélodique, enfin, incarnée par Tom Englund, au sommet de son art. Le bonhomme a beau multiplier les participations à de nombreux projets ou albums (trop nombreux pour les citer ici), il donne toute la mesure de son talent d’écriture avec Evergrey produisant des mélodies taillées sur mesure (et pour cause) dans un alliage qui vibre à vous en faire frissonner l’échine. La chaleur de son timbre, sa puissance et un sens aigu de la mélodie font mouche à chaque note, même lorsque le tempo s’adoucit sur ’End Of Silence’, ou ‘All I Have’. Ces derniers n’en sont pas moins percutants, les claviers subtils y sont plus identifiables et montrent comment Rikard Zander parvient à enrober le son des Suédois dans un écrin aussi discret qu’indispensable. Mention spéciale également à Johan Niemann dont le travail à la basse s’intègre à merveille tout au long de l’album, mais restant souvent discret, sauf sur ‘Departure’, power ballad taillée pour le mettre en avant et sur laquelle il fait ronfler sa cinq cordes accordée si bas qu’elle en fera vibrer vos woofers de plaisir.
Vous aurez compris que “The Atlantic” combine à la perfection les ingrédients d’un album exceptionnel, qui clôt un triptyque dantesque et scelle une pièce maîtresse du combo suédois. Production d’orfèvre, puissance épique et mélodies immédiates s’allient à l’état de grâce des cinq compères se connaissant par cœur et dont le plaisir d’écrire et de jouer ensemble est perceptible à chaque instant.