Hey Life n'est pas seulement une interpellation à la vie mais aussi le nom d'un groupe français qui sort en cette fin d'année mouvementée un EP intitulé "Masquerade". Si le titre de ce mini-album évoque la tromperie ou l'hypocrisie, la forme respire l'authenticité et la sincérité dans la manière de composer et d'interpréter les cinq titres qui le constituent. La singularité du groupe est de mêler le rock assez heavy avec des touches funky où la basse tient un rôle prépondérant. Depuis la mise en sommeil de FFF qui avait commencé légèrement à explorer ce chemin, ce genre a été sous-exploité au cours de ces dernières années. Il a pourtant eu son heure de gloire avec Extrême et son "Pornographiti" dans les années 90. Si les Français s'approchent un peu de ces travaux, ils y apportent leur propre touche plus heavy et moderne.
Hey Life s'engouffre allègrement et sans vergogne par la porte entrouverte par ces illustres aînés. "Masquerade" sera groovy ou ne sera pas ! Et autant le dire tout de suite, c'est plutôt réussi. Les cinq morceaux sont très cohérents et apportent une atmosphère festive énergique et positive qui se confirme d'ailleurs par la concision des compositions (ne dépassant pas les quatre minutes) qui visent l'efficacité et l'immédiateté.
Ainsi, la basse est la colonne vertébrale, chaloupée comme il faut, autour de laquelle les autres instruments se greffent au premier rang desquels la guitare bien sûr avec ses riffs lourds qui apportent la rudesse du côté heavy ainsi qu'une batterie parfois martiale accentuant ce sentiment. Le groupe joue fort pour exploiter la combinaison géniale du funk entraînant et de la noirceur du rock musclé, ce qui en live sonnera certainement terriblement percutant.
'One More Dollar' illustre cette atmosphère ambivalente. Son refrain se révèle entêtant et lumineux. En concert, ce titre sera probablement celui qui prendra le plus d'ampleur grâce au public dont on imagine qu'il reprendra en chœur les Hey ! qui émaillent le chorus enlevé, contrastant avec la guitare qui assomme le morceau par ses accords pleins de distorsions mais qui se la joue plus funky pendant le pont instrumental. La basse (Antoine Hoarau) introduit souvent les morceaux et donne le ton de ce qu'ils seront, notamment dans 'Likeholic' qui électrifie l'album d'entrée et hantera votre mémoire par son immédiateté redoutable qui n'égale toutefois pas le titre le plus funky de l'album, 'Here's The Thing About Lilith' dont le clip vaut son pesant de cacahuètes. Les lignes de chant sont bien trouvées, clamées par Julien Jung qui se révèle être un très bon interprète que ce soit pour donner une tonalité un peu soul aux couplets ou plus rude aux refrains.
"Masquerade" est un EP redoutable, mené tambour battant, qui laisse peu de place à la respiration, manquant néanmoins un peu de nuances sans toutefois venir gâcher le plaisir d'écoute que l'auditeur pourra ressentir dans un style déjà bien maîtrisé par le quintet et trop peu exploité. Let's groove !