Voilà plus d'une décennie que l'association Harnell-Karlsson n'avait pas accouché d'un album. La sortie de "Dysphoria" vient nous rappeler à leur bon souvenir et à celui de Starbreaker, leur terrain de jeu. Après un premier essai éponyme en 2005 et un "Love's Dying Wish" en 2008, voici donc venir la troisième offrande de l'ex-chanteur de TNT et du blondinet compositeur à la six-cordes, celui que déjà beaucoup ont compté dans leurs rangs (n'est-ce pas Messieurs Allen, Lande, Sheepers, Kiske, O'Hora et Catley ?).
Starbreaker nous l'a toujours joué hard mélodique. Voilà pourquoi, à l'écoute de l'entame de la nouvelle œuvre, on croit s'être trompé de galette et que confusion il y a avec celle d'un groupe de heavy metal limite speed. 'Pure Evil' porte bien son nom, mais Starbreaker devrait changer le sien, Judas Fear ou Primal Priest lui convenant mieux ici. Voici donc une ouverture surprenante, mais peu originale et guère transcendante.
Et aussi rapidement que le combo a égaré son style musical, il le retrouve dès le second titre et ne le lâchera (quasiment) plus jusqu'à son terme. A partir de 'Wild Butterflies', Karlsson prend les commandes et nous fait ce qu'il sait le mieux faire, c'est-à-dire composer des mélodies, qu'elles soient heavy ou épiques, qui transfusent de l'énergie pure aux auditeurs. On retrouve les sons du Starbreaker que nous connaissons dans ce titre hésitant entre mid-tempo et ballade heavy, comme dans 'Last December' son frère de sillon en mode épique cette fois. Puis on croise Place Vendome sur l'excellent 'How Many More Goodbyes' et Extreme (période "Three Sides...") sur la ballade 'Beautiful One' où Harnell chante encore plus aigu qu'à son habitude, ce qui peut parfois exaspérer. Ce qui n'est pas le cas sur le notable 'My Heart Belongs To You', ce mid-tempo proche de ce que nous propose TNT et qui dérape vers du Journey quand Harnell nous fait son petit Steve Perry.
Pour le reste, les regrets s'accumulent : le titre éponyme et 'Fire Away' ne brillent que par les riffs et les soli de Karlsson, le progressif 'Bright Star Blind Me' ne décolle jamais vraiment, ne nous apportant des plaisirs que sporadiques, et le morceau 'Starbreaker' (la reprise de Judas Priest) n'est rien de plus... qu'une reprise de Judas Priest. Mais pourquoi diable encadrer huit titres de hard rock mélodique par deux brûlots qui tombent tels des cheveux sur la soupe ?
Au final ce "Dysphoria" porte - presque - bien son nom puisque la dysphorie est le contraire de l'euphorie. En effet, même s'il nous réserve quelques passages gouleyants, il ne transcende pas autant son monde que ses aînés. Une légère déception nous étreint donc à l'écoute de cet opus. Espérons que la source d'inspiration de Karlsson ne soit pas en passe de se tarir.