Comme ils nous en ont désormais donné l'habitude, les Néerlandais de Mayan nous offrent un album riche, profond, varié et énergique. "Dhyana" est le troisième album de ce groupe encore trop confidentiel, formé par le guitariste d'Epica et ancien d'After Forever, Mark Janssen. Avec une dizaine de musiciens et chanteurs attitrés plus quelques invités, Mayan s'est donné les moyens de ses ambitions, ce qui donne un album épique et bien fourni que nous allons essayer de détailler ici.
Dans un style que l'on pourrait décrire comme étant du metal symphonique à orientation death et mélodique se trouvent des accointances avec des groupes tels que Melted Space en particulier. Les chants sont parfois clairs, voire lyriques ('Dhyana' ou 'Satori'), parfois gutturaux, souvent puissants, avec des chœurs, des alternances intéressantes et fréquentes. L'instrumentation est très enlevée, faite parfois de double grosse caisse, de guitares saturées, façon mur de son ou bien plus douces et romantiques ou encore sous forme de solos destructeurs mais aussi d'une orchestration riche et mixée assez en avant. La production, puisqu'on en parle, est particulièrement soignée, ce qui est une gageure, compte tenu de la richesse des compos et de la diversité instrumentale et vocale. Enfin, il convient de souligner l'attention portée aux mélodies, la plupart du temps accrocheuses, même si on s'y perd un peu.
En effet, les morceaux sont souvent assez longs et complexes, ce qui est passionnant, riche en retournements de situations, en imprévus, en couleurs, en nuances (si l'on peut dire, car c'est parfois assez lourd). Les structures ne sont pas toujours immédiatement identifiables, faisant un peu tournebouler l'auditeur. La tonalité générale est plutôt sombre et mélancolique dans un climat qui frise le romantisme caractéristique des histoires de vampires par exemple. Mais ce romantisme va ici de pair avec un déchaînement de puissance, de notes, d'arrangements en tout genre et de cris divers. En moins de 5 minutes 'Tornado Of Thoughts' assène la vivacité rythmique, les chœurs féminins, les chants black, l'atmosphère un peu orientale qui peut rappeler certains titres, souvent magnifiques, d'After Forever. Ce qui est certain c'est que Mayan exploite et déploie avec délectation et réussite les nombreuses voix dont le groupe dispose.
De jolies accalmies où les claviers et certaines voix plus douces viennent parfois ponctuer les chansons, comme sur le virevoltant 'Saints Don't Die' qui évoque un peu certains titres d'Adagio. Lorsque les Néerlandais appuient sur l'accélérateur, ce qui arrive fréquemment, ils versent dans une sorte de death mélodique, orchestré, très rapide et régulièrement interrompu par des passages d'une douceur parfois envoûtante. 'Rebirth From Despair' pourra vous faire frémir. 'The Power Process' serait plutôt à classer en metal mélodique avec toute une première partie à la fois chatoyante et désespérée.
Cet amalgame de lyrisme, de romantisme, de puissance et d'agressivité font de "Dhyana" un album d'une très grande richesse. Il constitue une œuvre cohérente et saisissante, variée et enthousiasmante.