Comme le nom de leur troisième album, en référence à une ville estonienne posée au bord de la Baltique, ne l'indique absolument pas, The Selfish Cales est un groupe italien originaire de Turin formé en 2010 et qui a subi de nombreux changements de line-up, au point que l'on ne sait plus très bien qui intervient exactement sur cette nouvelle production, le site du groupe annonçant une nouvelle formation depuis 2017, tandis que l'on entend clairement ici l'ancienne chanteuse qui a quitté le groupe fin 2016. Tout ceci est encore un peu plus compliqué par le fait que les membres originaux du groupe se sont tous affublés du patronyme de Cale ! Une seule certitude, l'un des deux fondateurs, Andy "Cale" est toujours à bord de l'embarcation, mais avec quels matelots ?
Avant même d'en écouter la moindre note, il semble plutôt facile de catégoriser la musique du quatuor à la simple vue des artworks qui couvrent les pochettes de leurs différents albums : psychédélique ! Et une fois passées les quelques mesures qui introduisent 'Baltic Memories' et qui nous envoient sur une fausse piste menant à Genesis, nous voilà plongés effectivement en pleine effervescence psychédélique, le chant d'Andy Cale en étant le principal marqueur, avec ses accents nasillards et un doublement fréquent à la tierce.
D'un caractère nerveux, les neuf titres font la part belle aux instrumentistes, avec en premier lieu un bassiste qui malmène son instrument telle une guitare, produisant des lignes virevoltant dans tous les sens. Bien soutenu par un clavier 70's, les deux se taillent la part du lion et donnent une solide assise aux différentes compositions que la guitare vient enluminer de quelques soli bien troussés. L'ensemble renvoie inévitablement aux pionniers du genre, et le refrain de 'Beyond the Last Horizon' se colore de forts accents floydiens époque "The Piper at the Gates of Dawn", tout en suivant une rythmique effrénée qui en finit même par être étourdissante. Cette frénésie se retrouve entre autres dans le conclusif 'You Can't Sit With the Sabbath' dont l'emballement final ébouriffant nous emmène quelque part aux confins de la folie.
Folie que l'on retrouve dans des hurlements d'Andy Cale sur 'Winterfell', ce qui m'amènera tout droit au principal reproche concernant cet album : "Haapsalu" nous révèle des instrumentistes talentueux au service de compositions plutôt bien troussées, mais en partie gâchées par un chant parfois très limite et surtout très caricatural de l'époque à laquelle il se réfère. Reste au final une galette que les plus curieux pourront écouter, sans certitude d'en garder un souvenir impérissable.