The Windmill a ses habitudes : chaque album ("To Be Continued", 2010, puis "The Continuation", 2013) nous livre une musique progressive fermement ancrée dans les 70’s, avec un bon gros morceau épique dépassant les 20 minutes, histoire de contenter les progueux. "Tribus" ne fait pas exception à cette règle, confirmant dans son style l’orientation de la musique proposée par les Norvégiens.
Les morceaux les plus courts essaient de s’évader du cadre classique : 'Denhenia' se veut plus pêchu avec une basse claquante, mais le dynamisme n’est pas le point fort du Moulin à Vent, qui peine ici à lancer un instrumental convaincant. L’ultime 'Play With Fire', qui peut évoquer Mike Oldfield avec son rythme de gigue lente, a du mal à sonner moderne. 'Make Me Feel' bénéficie d’un solo de guitare conduit avec pas mal d’autorité, seul point tranchant d’un titre sagement conventionnel 70’s, bien représenté par le passage clavecin-flûte sur un rythme de boléro à la moitié du morceau.
C’est sur les deux pièces les plus longues que The Windmill développe le mieux son savoir-faire mélodique : avec ses instruments à vents en vedette, 'Storm' fait du bien par son entame gouleyante et son très joli passage entremêlant les voix de sax. Quant à 'The Tree', il constitue un modèle d’epic old school qui ne connaît pas un temps mort et enchaîne selon une remarquable fluidité des sections qui doivent autant au prog classique (la longue intro automnale évoque Anthony Phillips, ou le "August in the Urals" de Deluge Grander) qu’à des envies plus jazzy avec des signatures asymétriques qui rappellent le "Moonmadness" de Camel. Tenir sans monotonie ni passage à vide sur 24 minutes est une gageure ici réussie, mais le son reste globalement figé dans les 70’s, avec une production en progrès par rapport à l’album précédent.
Avec son (excellent) gros epic, l’album fait de l’œil au progueux mais demeure dans l’ensemble trop confortablement sage pour emballer. Reste un album agréable et facilement accessible qui se glissera aisément dans toutes les oreilles, ce qui est déjà beaucoup !