Groupe québécois de metal progressif avec pour influences principales revendiquées des pointures telles que Dream Theater ou Rush, Universe Effects sort son deuxième album "Desolation" qui succède à "In The Haze That Surrounds Us" paru en 2015. Le groupe, au départ instrumental, a rapidement cherché un chanteur qu'ils ont trouvé en la personne de Gabriel Antoine Vallée.
Il paraît évident que nos amis canadiens ont biberonné à l'écoute de Dream Theater : les breaks, la technique et même d'une certaine manière le son transpirent le John Petrucci, le Mike Portnoy ou encore le John Myung. Toutefois, cet album n'est pas un plagiat ni même un ersatz ou une pâle copie de leurs glorieux aînés américains. En effet, avec l'intro 'Desolation' et 'Wasteland', Universe Effects distille une atmosphère et un phrasé qui lui est propre. Que ce soit avec le chant posé et doux de Vallée ou les harmonies insufflées par le clavier de Francis Grégoire, on constate rapidement que l'on a affaire avec des petits gars qui savent ce qu'ils veulent, qui en ont sous le pied ou sous la pédale. Les titres égrènent non seulement un savoir-faire technique tout à fait crédible mais donnent également à entendre une identité plus cotonneuse, qui peut rappeler Porcupine Tree ou Rush et laissent entrevoir une construction assez cinématographique des compositions.
Il est toutefois inévitable de trouver d'énormes accointances avec le Théâtre de Rêve sur les parties instrumentales de 'Wasteland', les riffs d'Oblivious' qui font des clins d'yeux appuyés à l'album "Awake". 'Fading Light' avec ses 11 minutes au compteur commence de façon très douce, mettant en avant le clavier, les voix calmes et le son clair de guitare. Après 4 minutes et quelques de ce régime, la basse très profonde ainsi que la guitare montent progressivement en puissance pour tisser une toile de plus en plus oppressante et retomber quelques instants plus tard, faisant passer l'auditeur de la douceur à l'angoisse avant un solo canon de Gabriel Cyr et sa six-cordes.
Vient ensuite 'The Library' en cinq parties pour un total de plus de 38 minutes. La première partie 'Departure' plutôt planante expose une mise en relief intéressante dans laquelle la basse de Dominic Tapin-Brousseau réalise un magnifique travail, déjà remarquable sur les autres morceaux, qui vise à tapisser la musique du groupe, lui donner un socle des plus solides et des plus ancrés. On s'éloigne de plus en plus ici de la figure tutélaire de Dream Theater, qui revient par moments à nos oreilles comme pour nous rappeler d'où Universe Effects vient. Tout au long de cette suite, on passera du metal prog corsé aux mélopées plus enveloppantes. Les instrumentistes s'en donnent à cœur joie rythmiquement comme pour des solos plus ou moins démonstratifs et le plus souvent bien ficelés, servis par une production impeccable. On pourra toutefois reprocher le manque d'ambition mélodique : l'album manque un peu de moments repérables, de refrains catchy.
Universe Effects nous livre ici un objet d'une grande qualité, assez varié, technique sans en faire vraiment trop. Il y manque des passages plus accrocheurs, un chant peut-être plus lyrique ou plus rentre-dedans pour emporter une plus forte adhésion. Cependant, dans son registre, le quintet n'a vraiment pas à rougir de sa prestation.