En 1996, Mystery publiait son premier album, "Theatre of the Mind", point de départ d'une aventure qui, 22 ans plus tard, a vu le groupe mené par Michel St Père se positionner dans le peloton de tête des formations néo-progressives, reconnu désormais bien au-delà des seules frontières du Québec. Et comme d'autres avant lui, le groupe a souhaité donner une deuxième jeunesse à ces travaux de la première heure, en lui faisant bénéficier des technologies modernes et en le rapprochant du son actuel du groupe, tout en conservant les interprétations originales. Et histoire de mettre une petite cerise sur le gâteau, Michel St Père a déniché un titre inédit proposé en bonus-track ('Heart of Stone', pas forcément indispensable).
Même si la formation de Mystery a bien changé durant ces deux décades (ne reste du début de l'aventure que le seul fondateur Michel St Père), l'ouverture de l'album par son titre éponyme va emmener l'auditeur dans des territoires connus : tous les ingrédients qui font le succès du groupe depuis quelques années étaient déjà présents, et la remasterisation proposée transporte ce titre tout droit au niveau des publications récentes du groupe.
Le sens de la mélodie est évidemment bien au cœur du projet du groupe et plusieurs d'entre elles colleront de véritables frissons dans l'échine ('Peace of Mind-Master' par exemple), distillées de surcroît par le formidable organe de Gary Savoie qui, en plus de disposer d'une tessiture équivalente à celle de Jon Anderson, y ajoute une puissance hors du commun qui permet à Mystery de naviguer aussi bien en eaux très calmes, avec de fréquentes visites du côté de Camel, guitare acoustique et flûte aidant, qu'aux limites du metal ('Black Roses'). Ingrédient et liant indispensable de tout cela, les parties de guitares des deux Michel (Painchaud et St Père) allient là aussi dentelle et riffs puissants, sans oublier bien entendu quelques soli à tomber en pâmoison. Composé majoritairement de titres courts mais efficaces, ce premier effort ne dédaigne pas les développements un peu plus complexes quand le chronomètre le lui permet, de même que quelques accompagnements symphoniques du meilleur effet.
Redécouvrir un album perdu de vue depuis un moment peut être une arme à double tranchant, le risque étant de trouver l'objet quelque peu daté. Rien de tout cela ici, par le biais non seulement d'une remasterisation de toute beauté, mais aussi et surtout grâce à la qualité initiale de composition et d'interprétation de ces différents morceaux, prélude à une carrière bien remplie et en perpétuelle phase ascendante.