Certes à une moindre échelle que Tool par exemple, dont le disque est annoncé pour bientôt, mais avec une impatience peut-être encore plus importante eu égard au nombre d'années qui nous séparent de leur dernier album, une communauté d'amateurs espérait sans trop y croire le retour des Norvégiens de Conception. La bonne nouvelle se présenta sous la forme d'un court EP de trois titres révélé quelques jours avant la sortie de l'EP "My Dark Symphony", vingt-et-un ans après l'excellent "Flow". Plus de deux décennies après leur dernier méfait, les Norvégiens reviennent avec leur formation intacte mais sans claviériste attitré.
Après une courte introduction épique et percutante, c'est 'Great Again' qui inaugure l'EP dans un style heavy typique du style des Scandinaves, avec force claviers, batterie très expressive, un peu à la manière du jeu de l'ancien compère de Tore Østby dans Ark John Macaluso, et mélodies irrésistibles. La patte divine de Tore Østby fait déjà des miracles dans un solo plein de toucher et Roy Khan reste fidèle à ce qu'on a toujours entendu de lui en termes de profondeur des émotions et de puissance parfaitement distillée. Le Conception de 2018 est le parfait héritier de celui de 1997 et de son "Flow" particulièrement accessible. Le morceau suivant 'Into The Wild' aurait même pu y apparaître tant il en possède les codes, les tonalités popisantes et la qualité mélodique.
Après un rock direct mais non moins attachant, 'Quite Alright', porté intégralement par le chant d'un Khan en excellente condition, survient 'The Moment' à l'introduction de piano jazzy assez sombre qui va se développer de manière assez étonnante et en tout cas dans un registre plus progressif que les titres égrainés jusqu'à présent. En effet, après un couplet un peu en retenue soutenu par une batterie décidément très en verve, un refrain fédérateur surgit pour donner une dimension chorale assez originale au titre. Le titre va prendre une tournure encore différente dans un final instrumental qui fait monter une tension palpable jusqu'à une accalmie toute asiatique. La conclusion avec 'My Dark Symphony' a été particulièrement soignée par les Norvégiens à l'occasion d'une déchirante ballade orchestrale gorgée de sensibilité et de mélancolie dont les douces mélodies restent en tête très longtemps.
Le retour de Conception, bien qu'il se fasse par l'intermédiaire d'un court EP, ne déçoit pas et bien au contraire rassure sur le talent préservé des Norvégiens. On regrette toutefois que la superbe ballade 'Feather Moves' présente sur l'EP de trois titres "Re : Conception" sorti juste avant "My Dark Symphony" ne soit pas présente ici. Tore et ses compagnons ont conservé leur inspiration intacte et ont en quelque sorte synthétisé une grande partie de leur écriture dans ce disque qui, on l'espère, inaugurera un nouveau cycle d'albums.