THEY: Unspeakable (ROCK PROGRESSIF,Autres) : avis / chronique à lire sur Music Waves

Derrière le drôle de nom de THEY se cache Chris Parker, un multi-instrumentiste américain relativement confidentiel qui a officié dans les projets Nagual et Post-Human. Par contre les musiciens dont il s'entoure parleront un peu plus aux spécialistes puisque nous retrouvons trois membres du Shaolin Death Squad, formation pour le moins originale génitrice d'excellents albums dont le marquant "Five Deadly Venoms" chroniqué ici.

A l'écoute de "Unspeakable", on comprend la présence du chanteur, du guitariste et du batteur de Shaolin Death Squad car les deux formations ont au moins en commun la grande originalité de leur musique. "Indicible", le titre de l'album de THEY est parfaitement trouvé tant il est délicat de décrire la musique dont il est question ici. Et l'image hallucinogène qui illustre la pochette de l'album trouve un parfait écho dans la luxuriance du contenu. En termes de fusion des genres et de déploiement d'une ambiance totalement unique, THEY se place dans la grande tradition initiée par Mr Bungle avec melting-pot aussi improbable d'une quantité incroyable d'éléments harmoniques.

Chaque piste est un peu comme un saut dans l'inconnu pour lequel il faut s'accrocher pour ne pas décrocher. Ainsi peuvent surgir, souvent dans un même morceau, un rock mélodique rétro américain lacéré de saillies jazz-rock ('Sacred Geometry') et déformé par des éléments très synthétiques qui donnent la sensation d'être enfermé dans un vieux jeu vidéo ('Ulterior Motives'), une introduction folk qui vire à la messe païenne ('Unspeakable') ou une fureur contenue tempérée par des plages planantes ('Down In The Park') avec des chants mystiques pouvant faire penser à Ghost ('Beneath The Serpents', 'Unspeakable').

Il y a encore plus fou avec l'acoustique mi-indien mi-andalou de l'enfer ('Moving Forward'), le jazz-fusion guilleret et dansant qui bascule dans le death metal le plus âpre ('Lost And Found') ou le croisement dégénéré de Cynic et My Name Is Janet dans un cyber-bizarroïde 'Swallow Black Rain'. Le tableau ne sera jamais complet mais mentionnons les tonalités asiatiques qui colorent l'ensemble de l'œuvre, les ambiances à la fois éthérées et étouffantes de 'Pseudogray', l'espèce de récital de flûte de pan dans 'MOTH' et les reprises du thème mélodique de 'Sacred Geometry' dans l'instrumental 'Geometric Reprise' et à la toute fin de 'Pseudogray'.

Le résultat est aussi étonnant de diversité qu'un peu déstabilisant aux premiers abords. Pourtant THEY rend possible une immersion sans trop de douleur en usant de mélodies facilement assimilables, d'instrumentations plutôt douces avec une section rythmique de premier plan aux sonorités rondes, un riffing mélangeant sons clairs et saturés conjugué avec beaucoup de textures electro et des chants aériens parfois rugueux mais globalement en retrait (la phrase répétée comme un mantra dans 'Sacred Geometry' ou 'They').

Bizarre, schizophrène, génial, foisonnant, déconcertant, le rock progressif et avant-gardiste de THEY mérite tous ces qualificatifs. Nul besoin d'insister sur la nécessité de plusieurs écoutes avant de commencer à pénétrer l'univers si unique de ce groupe atypique. A ceux qui auront le cœur bien accroché et l'esprit assez ouvert pour donner une chance à "Unspeakabe", l'expérience se révélera passionnante et même addictive.

THEY

UNSPEAKABLE

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ROCK PROGRESSIF