Les musiciens du Nevada avaient su séduire avec leurs deux premiers albums où ils faisaient montre de leur admiration pour U2 et Coldplay, délivrant une pop aventureuse et attirante. Hélas, comme ces derniers, Imagine Dragons se sont laissés happer par les sirènes du commercial en devenant des icônes de la pop adolescente. Avec ce quatrième album, enregistré très rapidement et pourvu d'une superbe pochette qui suggère un retour à la nature, le groupe voudrait-il retrouver des bases plus alternatives ?
"Origins" poursuit sur la lancée des albums précédents, tout en colorant un univers naguère un peu sombre. L’album ne développe pas de véritable concept mais nous propose un regard vers notre monde, ou vers l’autre. Les quatre de Vegas semblent décidés à accomplir leur métamorphose finale en devenant plus coldplayiens que Coldplay. 'Cool Out' avec ses claviers délicats, son chant magnétique qui éclate sur les refrains, son équilibre entre libération et intimisme emporte l’adhésion, tout comme 'Bad Liar' qui lui succède, ou les belles ballades aériennes 'Stuck On You’ ou 'West Coast', qui s´aventure dans le folk avec sa rafraîchissante guitare acoustique en dessinant un paysage paisible que la voix ne vient pas troubler.
Les influences sont certes voyantes, mais au final l’album regorge de tubes comme l'explosif 'Digital' qui permet à Dan Reynold d’aller au plus loin de sa folie vocale, 'Boomerang' qui séduit par les percussions qui suggèrent une pulsation de vie et sa guitare edgienne, ou 'Only' qui possède un refrain sautillant à damner un couche-tôt du samedi soir. Cependant, l’énergie rock s’est un peu tarie : 'Machine' et son climat étouffant rappelle un peu 'Radioactive' et laisse parler la poudre folle avec son solo de guitare saturée.
Malheureusement, si Imagine Dragons possède de séduisants atouts, il semblerait que le groupe ait mis le cap sur sa nouvelle destinée en mode pilotage automatique. Entre couplet feutré avec une voix hurlant soudainement et refrain où le batteur accompagne lourdement, 'Natural' - qui rappelle 'Radioactive' ou 'Gold’ - représente la parangon de la chanson Imagine Dragons et on en vient à apprécier un court instant de calme dans un espace démesurément sauvage.
Si la voix de Dan Reynolds est capable de fédérer sur les refrains ('Machine'), elle possède des tics qui sur cet album plus calme commencent à être trop voyants, comme le chant trop heurté de 'Natural', ou les couplets idiots de 'Zero' qui rognent l´éclat pop du morceau en répétant deux fois le même mot. Pire, comme à son habitude, le chanteur ne cesse de s'époumoner en manquant complètement de finesse, comme s'il auditionnait pour la Nouvelle Star et devait prouver en une minute sa puissance vocale. Ceci dit, à une époque où l'on juge un bon chanteur sur sa façon de crier, notre homme est dans les normes...
La version Deluxe fournit quelques bonus comme 'Birds', nouvelle ballade qui n’aurait pas déparé sur l'album, ou un remix de 'Born To Be Yours' avec Kygo. Malgré ces généreuses offrandes, ces bonus risquent d'alourdir le gâteau dont la durée finale atteint presque l’heure d’écoute.
Tourné vers le ciel, "Origins" doit être un nouveau décollage pour Imagine Dragons qui vise à nouveau le jackpot en trustant les premières places des classements mondiaux. Pour autant, après quatre albums, le groupe semble s'être laissé aller à une certaine facilité de production, visant un public jeune au détriment de ceux qui aimaient la dimension pop-rock des albums précédents. Une opération séduction qui stagne mais qui permet au groupe de retrouver le chemin d'une tournée mondiale….