Qu'obtenez-vous
en regroupant plusieurs chanteurs issus de Firewind, de The Night Fligth Orchestra et de Masterplan, divers guitaristes exfiltrés d'Eclipse, de Within Temptation et de
Saffire, quelques claviéristes connus de Pretty Maids et de Creye, trois batteurs dont
celui de W.E.T. et un ex-bassiste de Treat ? Facile : vous
obtenez un projet à la Phenomena, un album d'un collectif, donc.
La question existentielle du jour sera de savoir si ce "First
Mission" de Gathering Of Kings est également un album de collection...
A
la lecture du line-up on se dit qu'on ne devrait pas être en manque
de mélodies porteuses et la déception ne nous étreint pas à
l'écoute de l'entame de l'opus. Björn Strid (Night Flight
Orchestra) emporte aux cieux l'énorme titre 80's 'Forever An A Day' -
aidé par les chœurs d'Erik
Mårtensson (Eclipse) - titre qui démarre synthés en avant
comme le 'Runaway' de Bon Jovi. Rick Altzy (Masterplan) prend le relais
sur le sensationnel - et si proche de W.E.T. - 'Love Will Stay Alive' qu'il emmène au firmament lors de son apogée. Tobias
Jansson (Saffire) lui succède sur l'épatant mid-tempo 'Endless
Paradise' qui nous ramène aux ambiances chères à Magnus Karlsson
(Allen/Lande) et Place Vendome.
Puis
le rythme se fait plus policé. Apollo Papathanasio (Firewind) a beau essayer de séduire son monde, à l'écoute de 'Saviour' on a l'impression
d'entendre une B-side d'un single de Phenomena ou un inédit de la
bande-son d'un film des 80's (God damn', ces synthés !). Heureusement
Altzy et sa voix éraillée reprend du service sur l'ensorcelante
ballade (sa première d’après lui) 'Passing Rain', puis Jansson lui
confisque à nouveau le micro pour nous alpaguer avec un 'Out Of My
Life' carrément FM, à l'instar de son successeur, un 'Lonely Road' qui
met de bonne humeur, même s'il ne lui sera pas décerné la palme de
l'originalité.
Et
celle-ci ne sera toujours pas au rendez-vous sur le désuet titre FM 'Angels' qui lui succède. Papathanasio, qui y mène le bal, n'a
décidément pas de chance, il a hérité des morceaux les plus
faibles de l'opus. Cependant, dans son malheur il aurait pu se voir
confier 'The Runaway', l'insipide reprise de Carola,
lauréate de l'Eurovision où elle interpréta ce titre des frères
Gibb (oui oui, les Bee Gees, c'est dire !) ou pire,
l’horriblement pop 'Long Way From Home', digne des pires heures de ce radio-crochet européen : mon Dieu quelle purge ridicule ! Heureusement - dévoyons l'adage - tout
n'est pas bien mais ça finit bien, car Altzi reprend les rênes et 'Battle Cry' clôt irrésistiblement l'opus en envoyant de
l'épique à la façon du prolixe Karlsson.
En
termes conclusifs nous dirons que cet album collectif de Gathering Of Kings ne pourra
devenir un album de collection. Trop de titres faibles viennent
annihiler les sévères claques sporadiquement glanées sur une
moitié seulement de l’œuvre. Dans la
mesure où Victor Olsson - le guitariste de Saffire - est l'unique
compositeur à l’œuvre ici, il est plutôt étonnant de constater à quel point ses compositions soufflent, de manière diamétralement opposée, l'ardent et
le glacial. Voilà bien un manque de constance regrettable.