Le Japon ne fait habituellement pas partie des contrées vers lesquelles je me tourne, à tort ou à raison, pour m'approvisionner en nouvelles substances musicales de mon style favori. Frogflavor, bien que dotés de qualités indiscutables, a certes de quoi attirer l'oreille de nombreux d'entre nous mais n'est pas non plus le groupe qui désignera cette région comme le futur vivier du rock progressif.
A l'instar de Thinking Plague, King Crimson ou encore Planet X, Frogflavor a opté pour le créneau de la musique de prime abord difficile d'accès et franchement indigeste. Si, avec certains groupes, le premier contact est parfois difficile mais encourageant, j'avoue qu'ici c'est uniquement le fait de devoir rédiger une chronique qui m'a obligé à passer la première écoute, tant celle-ci a été difficile par certains côtés.
Trio instrumental, cette formation n'a rien d'original mais a quelques idées qui peuvent se révéler plaisantes sur le long terme. Moins "hard" dans le style et la production qu'un Planet X, moins technique également, on a ici un compromis entre la démonstration insipide et le mélodique à tout prix.
Pourtant, cela commence plutôt mal avec, après l'introduction bizarroïde "Frog Time", un "0-320" particulièrement dissonnant qui en découragera de nombreux. Mon conseil sera le suivant : préférez dans un premier temps le groove de "Funky Machine" pour vous faire l'oreille avant de revenir à des choses plus rebutantes, ce qui vous évitera aussi d'entendre votre entourage vous lancer un "mets le casque !!!" bien senti...
Mais après ces premières constatations, quel est le bilan général ?
Je vous avoue que depuis le début, quelque chose me gênait et il m'a fallu un moment avant de savoir de quoi il s'agissait, à savoir le déséquilibre général qui ressort de cette galette.
En effet, alors que des morceaux comme "Expresso", "Midnight Of Metropolis" ou encore "D-Freak" sont assez excellents dans leur style jazz-rock-groove-progressif, les erreurs grossières sont trop nombreuses, à l'image en particulier de la balade totalement mielleuse "The Last Stream" ou du "Five" plus mathématique que musical.
Il en ressort que ce groupe, composé certes de musiciens maîtrisant leur sujet, donne encore trop l'impression de chercher sa voix entre un jazz-rock intuitif et une musique trop calculée pour donner le frisson. En musique, tout est question d'équilibre entre maîtrise technique et feeling. Il s'en faut de peu pour que cet équilibre soit atteint ici mais ce n'est pas encore cela. Peut-être la prochaine fois....