Parfois au détour de lectures de magazines, de balades sur le net ou sur les réseaux sociaux, certains groupes attirent l’œil et la curiosité est irrémédiablement captée en raison de la singularité d'un nom. Zeelley Moon tombe sous le coup de ce constat. Assez méconnu, surtout en France, le combo anglais a déjà connu plusieurs vies depuis sa formation en 2010 par Pat Molesworth. Après un changement de line up en 2012 et un long et patient processus d'écriture, le groupe sort son premier album éponyme.
Écouter l'album de Zeelley Moon est une invitation à découvrir un large éventail de styles construit autour du piano et de claviers étincelants. Trois des titres présents sur l'album ont été composés dans les premières années du groupe et donnent une indication sur ce qui définit la musique du groupe : un patchwork de pop, de progressif soft, de rock avec une indéniable touche new-yorkaise un peu jazzy (l'instrumental 'Itchy Feet') et bluesy.
'Out Of The Blue' témoigne de toute la science acquise par Pat dans cette recherche mélodique qui colle à la peau du groupe. Le piano inaugural rappelle les plus belles heures de Billy Joël auquel se raccrochent au fil des secondes des nappes de claviers envoûtantes, des notes orchestrales célestes et la voix cassée de Pat qui viennent densifier le morceau. Comble du bonheur, la guitare d'abord acoustique accompagne les premières mesures pour mieux se faire électrique par la suite et conclure le titre par un solo ensorcelant. Tout est raffinement et délicatesse, presque fragile, une musique de porcelaine comme en témoigne 'Smile', l'un des plus anciens titres, terriblement efficace avec cette ambiance de bar new-yorkais, un peu enfumée, aux embruns nostalgiques et mélancoliques.
L'un des titres les plus consistants est indéniablement 'Tricks And Tragedy' en ce sens qu'il paraît être le plus progressif de tous. Après une ouverture virevoltante toujours au piano qui constitue le cœur du projet, l'atmosphère se tend et devient presque tragique avec l'intervention magistrale de la guitare empreinte d'une tristesse profonde, sans pour autant tomber dans un pathos écœurant et dégoulinant, pour mieux retrouver par la suite le premier mouvement positif.
Cependant, cantonner cet album à des titres mid tempo est totalement trompeur car au milieu de cette sophistication, le dynamique 'Designer Crime' apporte une énergie bienvenue enjolivée par un clavier mutin et sa rythmique furieusement groovy qui accompagnent la voix de Pat avec ses intonations à la Sean Filkins, le tout rappelant l'ambiance d'un bon vieux Supertramp. Summum de cette variété, 'The Tick Tock' apporte son climat plus bluesy avec une guitare plus incisive et rentre-dedans qui souligne des lignes de chant plus énergiques. Ces deux titres apportent un peu plus de relief à l'album qui n'en manquait déjà pas.
Ne passez pas à côté de ce petit bijou de savoir-faire anglais, mélange sophistiqué de pop jazzy avec une légère tendance progressive relativement soft, de mélancolie, bien écrit et interprété. Il y a parfois des hasards bienheureux qui ne vous déçoivent pas, pour peu que l'on soit un tantinet curieux.