Except One est une formation sincère dont les vibrations nappent de mystère son sillage. Guidée par Estelle, le visage barbouillé de noir, elle poursuit son bonhomme de chemin, car après l’intéressant EP “Haunted Humanity”, elle revient avec son premier album “Fallen” (sous-titré OMNI #3). Entretemps le guitariste Ad'ibou a été remplacé par Tim, alors que Crypp a pris le poste de bassiste, ces modifications engendrant de nouvelles aspirations et une redéfinition des ambitions du groupe.
Démarrage en trombe avec ‘Down The Steps’, avec une voix qui est une explosion de couleurs et une batterie animale. Au-delà de cette violence, la piste livre des mélodies qui complètent la voix rauque, créent des passages sensuels entre les soubresauts dantesques. C’est ensuite l’animalité de ‘Break The Wall’ qui choque lorsqu’un mur de guitares plombées s’érige. ‘To The Heart’ est presque tribal, alors que la voix et la guitare se complètent à merveille. ‘Nuclear Winter’ lorgne vers une vision plus glaciale qui provoque effroi et attirance. L’intensité de l’opus est constante, le combo déverse une haine calculée qui touche directement le cœur de l’appareil émotionnel.
En creusant dans cette terre grasse, émergent des instants radieux. Comme ‘Until The World Burns’ qui, même s’il est colère, laisse survivre une mélodie magnifiée par l’intervention de la six-cordes, ou ‘Under The Bombs’ qui construit des instants entre recueillement et écrasement auditif, ou encore ‘Monster’ plein de syncopes qui diffuse des guitares claires et des voix éthérées. ‘Nothing’ semble quant à lui serein malgré des riffs lourds, alors que ‘Swansong’ est un intrus avec sa basse claquée. C’est finalement l’orientation mélodique qui par petites touches prend le dessus, conquiert l’auditeur et laisse une empreinte forte dans les mémoires.
‘Interlude’ apporte enfin l’apaisement par une mélodie gracieuse et sereine. C’est ce qui fait la force de l’album : les mélodies sont magnifiées par une intensité âpre (ou est-ce l’inverse ?). Finalement ‘Black Water’ avec une guitare dépouillée est comme le vent glacial de chez Pink Floyd, qui souffle sur des souvenirs ténébreux et évanescents... Brutalité et mélodie sont dorénavant indissociables.
“Fallen” remet les pendules à l’heure grâce à une rugosité où la voix est magnifiée par l’écrin soyeux d’une production puissante brodée de fil de fer barbelé. Except One confirme son style, trace sa route vers une reconnaissance bien méritée. Même si l’album aurait gagné à être plus ramassé, il est prenant et laisse apercevoir tout le travail fourni pour atteindre ce fragile équilibre entre terreur et béatitude éthérée.