Cela fait maintenant plusieurs albums que nous avons l’impression de nous répéter mais le fait est que sortie après sortie, Mike Tramp a imposé une marque de fabrique forte et qui ne se limite pas qu’à sa voix si envoûtante. Que ce soit avec "Nomad" (2015) ou "Maybe Tomorrow" (2017), le Danois a atteint un niveau d’excellence qu’il serait dommage de le voir quitter. Enregistré au Danemark et mixé en Suède, le nouveau venu se nomme "Stray From The Flock" et voit l’ancien chanteur de White Lion et Freak Of Nature être toujours entouré par la même équipe, confirmant au passage l’esprit de groupe qui lui tient à cœur. On serait même tenté de rajouter un membre supplémentaire à la formation avec la moto qui apparaît sur la pochette pour la quatrième fois consécutive.
Tout comme sur son précédent opus, Mike Tramp réussit pourtant à insuffler quelques évolutions à une recette qui reste toujours marquée par ce délicat équilibre entre rock et folk, entre mélancolie et espoir, entre influences européennes et nord-américaines. ‘No End To War’ qui ouvre ce nouveau voyage en est un des meilleurs exemples en étalant une ambiance triste et désabusée sur plus de 8 minutes qui ne sont pas sans rappeler quelques pièces du Pink Floyd époque Roger Waters. Il est également à noter le magnifique solo sur lequel le tempo s’accélère dans un enchevêtrement de guitares qui confirme la place prise par Søren Andersen depuis "Maybe Tomorrow". On retrouve ainsi les interventions lumineuses du guitariste à plusieurs reprises comme sur le single ‘Dead End Ride’, mid-tempo énergique mariant mélancolie et refrain accrocheur.
La suite offre une alternance de pièces calmes (l’émouvante ballade ‘Homesick’) et de rocks plus percutants aux refrains accrocheurs tel ce ‘You Ain’t Free Anymore’ stonien introduit par un moteur de moto, ou un ‘One Last Mission’ aux guitares tranchantes et au riff basique et efficace à la AC/DC. Bien sûr, tout ceci reste du Mike Tramp pur jus et ne peut jamais être accusé de plagiat. Mais il est clair que sur cet opus, l’artiste n’hésite pas à laisser apparaître ses influences de façon plus évidente. Tom Petty n’est pas loin sur le rock US à l’énergie positive de ‘Live It Out’ et Bon Jovi pointe le bout de son nez sur l’enjoué et entraînant ‘Best Days Of My Life’. Et comme d’habitude, après un ‘Die With The Smile On Your Face’ délicat et métronomique s’appuyant sur un piano diaphane et se clôturant avec le tintement de cloches au loin, l’auditeur découvre qu’il s’est à nouveau laissé emporter par une nouvelle collection de titres finement taillés et alternés pour faire leur effet sans effort ni faiblesse.
Bien que contenant son lot de nouveautés distillées avec finesse et parcimonie, "Stray From The Flock" poursuit l’œuvre de Mike Tramp en confirmant une identité à la fois forte et délicate. S’il ne remplit pas les stades, le Danois n’en reste pas moins un très grand conteur d’histoires qui mérite sa place aux côtés des plus grands dans le domaine d’un rock-folk mariant énergie et émotion avec un délicat équilibre. Encore un bel et grand album dont il sera difficile de se séparer.