A la suite de la mort de Ronnie James Dio en 2010, les membres de son groupe (plus précisément la formation du deuxième album "Last in Line") ont décidé de se réunir sous le nom de… Last in Line, dans un premier temps pour reprendre des titres de Dio, avant de faire paraître un album original ("Heavy Crown", 2016). 2019 sera l'année de "II"… la couronne est-elle toujours aussi lourde à porter ?
Sur ce second essai, les références à Dio ont fondu comme neige en enfer. Quelques névés subsistent, appelons-les atavismes culturels, mais ils sont rares. En comparaison du premier opus, ce "II" est témoin d'un travail de composition moins chétif, d'une application conceptuelle plus fouillée, il est de structure harmonique moins famélique et surtout il est plus robuste en termes sonores. Bref, Last In Line est devenu un groupe : exit le tribute band.
Cette seconde offrande est résolument plus variée, passant par exemple du heavy metal viril (le syncopé 'Black Out The Sun', à côté duquel un éléphant passerait pour une ballerine) à l'addictif 'Landslide' porté par une mélodie à aimanter les ondes FM. 'Year Of The Gun' apparaît explosif et percutant - à tel point qu'il en oublie en route l'application mélodique - et cède la place à 'Give Up The Ghost', sorte de progéniture de Black Sabbath. Le très présentable 'Gods And Tyrants' disperse des volutes zeppeliniennes et s'oppose au trépignant 'Electrified', autant électriquement tendu que mélodieusement insipide.
Le reste est tout aussi éclectique : une once de progressif avec le blafard 'The Unknown', un retour réussi vers Dio avec 'Sword From The Stone', un coup de hard mélodique bien troussé par-ci ('Love And War'), un coup de hard pas du tout mélodique et énervant par-là ('False Flag' qui côtoie parfois Blue Oyster Cult)... Bref indéniablement du chaud, mais du froid aussi. A l'opposé une constante demeure - et c'est heureux - Vinny Appice assure une partition remarquable à la batterie et son compère Campbell à la six-cordes est ici totalement déchaîné, débarrassé qu'il est de ses fers leppardiens.
Ce second opus de Last In Line va pouvoir interpeller les amateurs des sons lourds ou énervés et les friands de diversité musicale au cœur d'un même album. Mais les adorateurs de la Déesse Melodie peuvent passer leur chemin, aucune chance ici pour eux de débusquer le disque de l'année.