En s’attardant sur l’étiquette de "rock/metal progressif" rattachée à l’EP, on pourrait s’attendre à entendre sur "Raising Hands" des compositions complexes et alambiquées regorgeant de prouesses techniques et de soli démentiels battant des records de vitesse. Mais ici, il n’en est rien. Comme le confirme Aurélien Goude dans son interview, Esthesis est "axé avant tout sur l’émotion qui se dégage des morceaux". Un leitmotiv qui se décline jusque dans le nom même de la formation puisque celui-ci renvoie à l’aptitude à percevoir des sensations.

Dès l’introduction de l’EP, ‘Raising Hands (Part 1)’, les paroles du multi-instrumentiste prennent tout leur sens. Avec ce premier titre instrumental, et d’une manière générale sur la totalité de l’œuvre, on s’aperçoit que l’accent sera mis sur la mélodie et sur le travail au niveau des ambiances. En quelques secondes, on se retrouve en plein cœur d’une atmosphère mystérieuse regorgeant de cordes. Si l’auteur concède avoir toujours été très influencé par les musiques de film, cela se confirme bien sur ce premier morceau à l’aspect visuel très prégnant où des notes plaintives viennent sublimer un arpège mélancolique.

Sur les autres titres, l’ambiance se raffermit avec un ‘Raising Hands (Part 2)’ aux accents orientaux qui s’inscrit dans un registre à la fois rock et atmosphérique. De son côté, ‘Sleepers’ et sa basse groovy propose une synthèse entre le Porcupine Tree des années "Deadwing" sur les couplets et celui des années 90 avec son côté planant sur la deuxième partie du morceau.

Si le progressif est bien un sous-genre friand de piano et de claviers, rares sont les formations ayant mis cet instrument sur le devant de la scène comme le fait Esthesis. Rien d’étonnant à cela puisqu’Aurélien Goude se considère comme un claviériste avant tout. Ainsi, la majorité des titres s’avèrent être construits et déployés autour d’une ligne directrice initiée par le synthétiseur du musicien. Et s’il fallait ne citer qu’un titre sur lequel Esthesis met particulièrement cet aspect-là en lumière, alors nous citerons l’immanquable ‘Silent Call’ qui clôt l’EP de la plus belle des manières.

Loin du mélange de rock et de metal progressif proposé sur le reste de l’EP, ‘Silent Call’, à l’inverse de ses compagnons de set-list, est une longue ballade de dix minutes reposante et profonde faisant de l’œil à Pink Floyd. Les claviers y sont omniprésents en prenant tour à tour des tournures de cordes ou de mellotron. On y retrouvera même un solo qui ne sera pas sans rappeler le son et le génie de Richard Wright des mêmes Floyd. L’EP se conclut au bout de 35 minutes dans une ambiance à la fois enchanteresse et planante.