Le guitariste globe-trotter Jean-Marc Millière est un jour allé tenter sa chance sous le ciel gris écossais où il a rencontré Francis Girola. Les deux compères n'auraient jamais pu imaginer que le groupe qu'ils avaient créé, Sonic Winter, ferait son chemin alors qu'il ne devait être qu'une jam sans lendemain.
Pour célébrer trente années de recherches musicales, Jean-Marc Millière a décidé de se montrer généreux, en nous livrant deux albums. Le premier CD de 17 titres se concentre sur les récents travaux de Sonic Winter. 'Miles Away' qui ouvre le feu pourrait servir de parangon du son Sonic Winter. Ce cocktail détonnant est formé de rythmiques lourdes avec des guitares musclées old school, un piano discret pour harmoniser l'ensemble pris en chasse par l'orgue, un chant déformé et bien entendu des soli tentaculaires de guitare. Sonic Winter est un collectif où chaque instrument a voix au chapitre. Si les guitares lourdes dominent, les claviers, la basse et la batterie ne se contentent pas de tenir la chandelle. Œuvrant sur des terrains plus séduisants ('No Guts No Glory' et son chant syncopé), on appréciera l'esprit un peu plus aventureux du groupe. '11 June 1963' est un instrumental expérimental sur fond de Vietnam, 'You Call Me A Man' une ballade funèbre au chant inquiétant et aux chœurs spectraux. Le sommet est atteint avec 'Establishment Of Time', morceau progressif de 10 minutes qui sonne le glas de ses guitares saturées avant de retrouver la quiétude des violons. On regrettera toutefois sur ce best of Sonic Winter le chant déformé, qui aurait mérité de n'être qu'une exception et des longueurs qui auraient dû être apprivoisées (l'errance sur la fin de 'Bad News From Badsville').
Le second CD est une suite de dix-sept enregistrements à travers le temps en collaboration avec les Franco-Américains Lemon Squeezer, les Suédois d'Atomic Playboys, l'Américain Riff Raff, le groupe britannique God Told Us To Do Bad Things et un titre en invité pour un solo de guitare avec le groupe français Manu en 2016 ('Toi Et Moi', seul morceau en français). On admirera le chant clair d'Atomic Playboys, on regrettera celui criard de Riff Raff. Les deux ballades 'Sad Rain', avec son solo jouissif à la wah wah et l'étincelant 'Please Love Me Sister' contiennent leur dose de séduction. En revanche, après un premier album copieux, le deuxième album s'avère plus difficilement digeste.
Jean-Marc Millière a décidé d'être généreux pour son auto-promotion. Malheureusement, si le premier album contient de vraies perles, le second s'avère particulièrement long et erratique. Nous conseillerons donc à l'auditeur d'écouter plus particulièrement le premier album, le second s'avérant un bonus anecdotique. Notons toutefois que 20% des bénéfices de la vente de cette double compilation seront reversés à l'association à but non lucratif "Minute Papillons Prod" qui anime des ateliers de musique pour enfants autistes.