Si Tim Bowness a officiellement commencé sa carrière solo en 2004 avec "My Hotel Year", celle-ci a réellement pris corps dix ans plus tard avec l'excellent "Abandoned Dancehall Dreams". Depuis, le chanteur britannique revient tous les 12/18 mois avec un album sous le bras comme c'est le cas en ce début 2019 avec "Flowers at the Scene". D'après l'aveu de l'artiste, "Lost in the Ghost Light" (2017) mettait fin à une trilogie entamée avec "Abandonned Dancehall Dreams", et "Flowers at the Scene" se veut un renouveau artistique. Un renouveau plongeant ses racines dans le passé.
En effet, en 2018 sort le premier album de Plenty, un groupe formé en 1986 au sein duquel évolue Tim Bowness. Le disque reprend des compositions vieilles de 30 ans réenregistrées pour l'occasion. Enchanté de l'expérience, Tim Bowness poursuit sur sa lancée en écrivant avec Brian Hulse, autre membre de Plenty, une grande partie des chansons de ce nouvel opus, cherchant à recréer l'atmosphère des années 80 tout en l'humanisant.
Symbole de ce renouveau annoncé, les compagnons de route récurrents des trois derniers albums sont remplacés par une pléthore de nouveaux visages. Seul Colin Edwin (Porcupine Tree) subsiste de la précédente équipe, se retrouvant aux côtés d'invités prestigieux dont Peter Hammill (Van Der Graaf Generator), Andy Partridge (XTC), Kevin Godley (10CC), Jim Matheos (Fates Warning/OSI) et David Longdon (Big Big Train) pour ne citer que les plus connus. Sans oublier Steven Wilson qui, en dehors de sa participation anecdotique aux synthés, officie derrière la table de mixage et Brian Hulse qui co-produit le disque et joue le rôle d'homme-orchestre.
Avec un tel line-up et de si belles ambitions affichées, comment ne pas espérer si ce n'est un chef-d'œuvre, du moins un grand disque ? Malheureusement, l'évolution/révolution promise n'a pas vraiment lieu : sans être un mauvais disque, "Flowers at the Scene" n'offre rien de réellement nouveau, la faute peut-être à une empreinte vocale très caractéristique (cette façon de chanter en murmurant qui n'appartient qu'à Tim Bowness) mais un peu monotone qui masque la relative diversité des musiques.
Les onze titres de l'album sont autant de ballades plutôt douces et convenues, agréables à écouter mais qui ne laissent pas de souvenirs impérissables. Au chapitre des réussites, 'I Go Deeper' constitue une entame plutôt dynamique, 'Rainmark' attire l'attention avec sa trompette triste, son solo de guitare tranchant et ses arpèges ressemblant à des gouttes de pluie, 'It's the World' dégage une sensation d'urgence, de malaise, de violence et d'étrangeté, et le son des synthés et de la batterie évoquent les Allemands de Kraftwerk sur le fantomatique 'Ghostlike' (composé dans les années 80, ceci expliquant peut-être cela).
Le reste s'écoute sans déplaisir mais sans surprise. "Flowers at the Scene" malgré sa palette d'artistes talentueux s'avère finalement un album un peu monochrome.