Avec son premier album éponyme en 2017, Stefano Viana avait offert un opus à la fois encourageant et frustrant. Le potentiel était indéniable mais l’Italien semblait ne pas oser se lâcher. Autant dire que la sortie de son nouvel opus intitulé "Forever Free" n’est pas sans exciter la curiosité des amateurs d’AOR et de hard rock mélodique, impatients de savoir si le guitariste prodige aura trouvé la formule et desserré le frein à main. Pour ce faire, le maître des lieux a confié le poste de chanteur à l’Américain, également producteur, Bryan Cole, connu pour ses travaux aux côtés de Giant, Scherer-Batten ou Steel City. Alessandro Del Vecchio s’occupe toujours du mixage et du mastering et le reste du line-up reste quasiment inchangé en dehors du remplacement d’Alessandro Mori par Adam Ernst derrière la batterie. A signaler enfin la présence de Terry Brock (Strangeways, Giant, Roth Brock Project…) et de John Roth (Giant, Roth Brock Project, Winger, Gillan…) comme invités ô combien prestigieux.
Avec une telle brochette d’intervenants, la bave n’est pas loin des lèvres des spécialistes du genre. Et dès les premiers accords de l’imparable titre éponyme, le résultat explose aux conduits auditifs et fait immédiatement changer Viana de division. Probablement en raison de la durée raccourcie entre les deux opus, 'Forever Free' se voit débarrassé du côté trop aseptisé de son prédécesseur tout en œuvrant toujours dans un hard mélodique ancré dans les 70’s et les 80’s. Energique et mélodique, il bénéficie d’un refrain hyper accrocheur renforcé par des chœurs de premier ordre. Stefano Viana lâche un solo lumineux et Bryan Cole offre une prestation qui n’est pas sans rappeler Jimi Jamison. Tout en gardant une recette commune, les titres suivants se font néanmoins variés et ne relâchent jamais la pression.
Des effluves de Survivor planent sur ‘We Can’t Choose’, celles de Foreigner sur un ‘Heart Of Stone’ imparable, Pride Of Lions n’est pas loin sur le catchy ‘In The Name Of Love’, Boston sur le festif ‘Friday Night’ et Journey sur le mélodique et léger ‘I Wanna Tell You’. Il s’agit ici de simples références mais en aucun cas de plagiat et le résultat reste totalement cohérent surtout lorsque le majestueux mid-tempo ‘Who Do You Think You Are’ ou la power-ballad envoûtante ‘Do You Remember’ viennent s’ajouter à ce festival. A noter la présence de Terry Brock aux côtés de Bryan Cole sur ce dernier titre pour une émotion renforcée. L’ensemble se clôture sur un ‘We Will Never Say Goodbye’ rapide et hymnique qui fait office de cerise sur le gâteau.
Comme espéré, ce "Forever Free" fait donc bien office de confirmation, celle que nous attendions pour le prodige italien de la 6 cordes. Magnifiquement épaulé par un Bryan Cole auteur d’une prestation de haute volée, Stefano Viana prouve qu’il est à la fois un guitariste lumineux et un compositeur talentueux. Ce deuxième étage de la fusée mélodique regroupant la fine fleur du hard transalpin renforcée par quelques étoiles anglo-saxonnes impose directement Viana sur les sommets du genre. Voici un candidat au titre d’album de l’année qu’il sera bien difficile de concurrencer dans sa catégorie.