Ellesmere est une grande île du Nunavut, située tout au nord de l'archipel arctique canadien. C'est également le nom choisi pour son projet musical par le multi-instrumentiste italien Roberto Vitelli, auteur d'un premier album dédié aux "Chateaux de la Loire" (en français dans le titre), passé plutôt inaperçu lors de sa sortie en 2015. Cette fois-ci, l'artiste a vu les choses en (plus) grand et s'est entouré de quelques pointures de renom pour nous proposer un deuxième effort s'éloignant quelque peu du style contemplatif à la Anthony Phillips qui présidait à l'évocation des merveilles françaises et dédié cette fois-ci au monde marin.
A tout seigneur tout honneur, l'entame de "II" se fait au son du saxophone plaintif de David Jackson (Van der Graaf Generator), évoquant un air marin empli d'embruns. Cette courte piste introduit un premier titre épique, 'Marine Extravaganza' qui, dans un esprit de progressif symphonique, déroule des airs quelques peu répétitifs tout en mettant déjà en évidence l'excellent jeu de batterie de Daniele Pomo.
Les choses sérieuses vont réellement commencer ensuite, avec 'Runaway', instrumental très typé Genesis au groove imparable, voyant en outre la participation d'un certain Trey Gunn avec sa War Guitar. Développant des idées similaires, 'The Schooner' s'avère le point culminant de l'album : un instrumental de 11 minutes situé au croisement de Genesis, Collage et Camel, enchaînant des thèmes aux mélodies lumineuses et rendu une fois encore avec une section rythmique basse/batterie de toute beauté.
Le dernier titre long, 'Time, Life Again', reprend en partie les mêmes recettes avec cette fois-ci une ligne de chant proposée par Robert Berry en première partie, tandis que Brett Kull (Echolyn) déroule un solo de guitare de toute beauté, sur fond de claviers néo et de roulements de toms, après une première section instrumentale à la rythmique syncopée qui ravira les progueux les plus exigeants. Petit bémol toutefois avec la prestation du même Robert Berry sur 'Runaway', dont le timbre un peu rauque colle assez mal avec l'ambiance soyeuse et les sonorités arrondies du titre. Mais ce n'est qu'un petit accroc au sein d'une galette proposant une musique qui réussit à mêler complexité et variété tout en restant très accessible à l'écoute.
Avec un duo basse/batterie de toute beauté, valant une écoute ciblée à lui seul, Ellesmere délivre un album passionnant qui entraînera de nombreuses écoutes … pour le plaisir, tout simplement.