Voilà
plus de 20 ans que les Allemands de RPWL parcourent l’espace
progressif. Initialement cover band de Pink Floyd, ils ont développé
un style qui garde de larges accointances avec le Flamant, restant
plus mélancoliques que sombres, avec une évidente volonté de
privilégier l’accessibilité harmonique.
"Tales
From the Outer Space" reste droit dans cette tendance.
Contrairement aux deux albums précédents, il ne s’agit pas d’un concept-album même si la trame est globalement inspirée par la
science-fiction, genre auquel l’artwork, très typé comics
américains des 60’s, fait clairement référence.
Le
moins que l'on puisse dire, c’est que dès les premiers instants
d’écoute, l’auditeur se trouve en terrain connu. Très cadré,
même : les titres jouent toujours sur un mid tempo qui
n’effarouchera personne, les mélodies coulent d’évidence et la
voix de Yogi Lang rappelle toujours autant celle de David
Gilmour avec son timbre un peu voilé et son élocution nonchalante,
tout est en place pour que ce "Tales…" soit un agréable
moment.
Seulement,
voilà : RPWL se blottit douillettement dans un cocon confortable,
son savoir-faire maintenant éprouvé ronronnant à plein régime,
évitant avec un soin méticuleux toute aspérité (même si le riff
de 'A New World' montre quelques velléités rugueuses), toute prise
de risque. Pourquoi changer une recette qui marche, diront certains…
Ce groupe allemand n’est pas le seul à souffrir du syndrome de
l’habitude qui fait reproduire les mêmes procédés pour un
résultat bien attendu. Aussi il n’est guère surprenant de
ressentir une vague impression de déjà-entendu à l’écoute par
exemple de 'Not Our Place to Be' ou 'What I Really Need' avec son
petit air d’Alan Parsons' Project. L’ensemble penche quasiment
vers un AOR du genre de celui délivré par le Lonely Robot de John
Mitchell, avec une guitare (forcément) plus floydienne (le solo de
'A New World', entre autres).
Il
faut attendre les rares passages instrumentaux du morceau d’ouverture
ou surtout de 'Give Birth to the Sun', ou les trois solos de guitare
de 'Light of the World' qui font penser à Mostly Autumn, pour avoir
la partie la plus originale de la musique de RPWL, avec ces lignes de
synthé dignes de Manfred Mann qui amènent enfin un peu d’évasion
sur un itinéraire bien trop balisé. Il est par ailleurs regrettable
de voir les morceaux les plus longs, qui donnent les meilleurs
développements instrumentaux, se terminer à la sauvette par un
fâcheux fade-out.
Menacé
par une tendance à l’engourdissement, la musique de "Tales
From the Outer Space" illustre de façon assez démonstrative ce
que peut être le progressif conventionnel. Un oxymore que les
amateurs de musiques progressives n’aiment guère rencontrer, même
quand il est comme ici synonyme d’un moment de musique agréable.